Slater Président !

Slater Président !

Ceux qui déplorent l’impuissance congénitale de l’Europe et s’inquiètent de son avenir peuvent sécher leurs larmes et remiser leurs rancœurs : une nouvelle saison est en préparation, qui s’annonce prometteuse, pleine de cascades et de rebondissements époustouflants. Car du fin fond des Etats-Unis, un super héros en préretraite vient de se déclarer candidat potentiel à… la présidence de l’Union. Vous l’avez reconnu, bien sûr : Arnold Schwarzenegger, ex-culturiste distingué (par les jurys de concours, s’entend), ex-homme d’affaires prospère, ci-devant Governator de Californie, toujours inscrit dans les listes d’acteurs fétiches d’Hollywood et à la recherche d’un rôle en rapport avec sa stature. La soixantaine désormais bien entamée, Arnold doit renoncer à Conan le Barbare ou à Terminator : il ne parviendrait plus à effrayer un enfant de chœur. En revanche, comme représentant des 27, il occuperait mieux l’espace que Van Rompuy – ce qui n’est pas très difficile, il faut bien l’avouer. Bien que son deuxième prénom soit Aloïs (celui d’Alzheimer), Schwarzy n’a pas oublié qu’il est européen de naissance et aimerait bien replacer sa réplique favorite : « I’ll be back ». Je reviendrai. Un retour dont la perspective ne réjouit pas vraiment les scénaristes communautaires : il y a vraiment un fossé culturel entre le 7ème art du Vieux Continent et celui du Nouveau Monde.

Pourtant, ce serait une opportunité exceptionnelle pour Schwarzenegger de parodier son dernier grand rôle, celui d’élu californien. C’est dans la parodie qu’Arnold a donné le meilleur de lui-même : dans Last Action Hero, auquel le billettiste voue une affection particulière. Vous vous souvenez sans doute de cette ode émouvante au cinéma d’action : grâce au billet magique jadis fabriqué par Houdini, un gamin entre dans le film de son super héros préféré : Jack Slater, le flic taillé à la cognée, impitoyable, incorruptible, indestructible, hermétique à l’autorité. Vous vous souvenez de ce chassé-croisé entre le monde de la fiction et celui de la réalité, dans lequel Schwarzenegger se singe avec brio – c’est-à-dire qu’il joue exactement aussi mal que d’habitude. Oh oui, Jack, reviens : l’Europe a bien besoin d’un souffle épique. Avec Van Rompuy comme super héros, il y a manifestement une erreur de casting et la production s’expose à un flop retentissant. Avec Slater, le succès serait assuré. Et la morale préservée : dans l’univers de Last Action Hero, les méchants ne gagnent jamais.

La recette du jour

Thérapie à la Schwarzy

Vous êtes déprimé par les agressions du quotidien : les robinets fuient, les impôts vous harcèlent, le prix de l’essence augmente. Et les rhumatismes vous tenaillent. Equipez-vous d’un écran géant et visionnez sans relâche vos films préférés. Quand vous serez requinqué, faites-vous appeler Jack Slater, devenez Président de l’Union européenne et anéantissez tous les méchants. Vous avez du boulot jusqu’à la fin des temps.

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