Taxis en révolution

Taxis en révolution

La bronca des taxis parisiens suscite des commentaires peu flatteurs à l’égard de la profession. Qui nous rappellent cette bande dessinée légendaire d’Alexis et Fred, mettant en scène le professeur Stanislas et son associé-factotum Timoléon : Quatre pas dans l’avenir (« Ils voyagent dans le temps pour de l’argent »). On y voit apparaître, dans un futur très lointain, un chauffeur-robot aux commandes d’un taxi - qui voyage dans le temps, bien entendu. Le robot en question, mégot au bec et coiffé d’une casquette très parigote, se révèle particulièrement vulgaire et mal embouché – telle était la caricature des taxis parisiens il y a une trentaine d’années, lors de la publication de cette BD. Si l’on exclut la clope et le couvre-chef, ce portrait peu flatteur n’a, semble-t-il, pas beaucoup évolué depuis, à en juger aux critiques sévères des lecteurs de la presse numérique.

Les adeptes du marché libéral y verront la conséquence prévisible d’une atteinte à la libre concurrence, et ce point de vue est défendable. La profession étant soumise à un numerus clausus, les titulaires de la licence ad hoc se trouvent en situation d’oligopole. Et leur nombre serait insuffisant pour fluidifier le marché, ce qui ne les inciterait guère à offrir des prestations de qualité. Mais l’entrée de nouveaux intervenants – les VTC – n’est pas seulement un aiguillon qualitatif pour les taxis en exercice ; c’est une atteinte programmée à la valeur du « fonds de commerce » que représente leur licence, laquelle se négocie apparemment au prix de 230.000 euros à Paris. Alors que la licence de VTC ne coûte que la formation nécessaire à son obtention, c’est-à-dire considérablement moins. De la même façon que les taxis, à l’origine, ont obtenu gratuitement la délivrance de leur permis d’exercice. C’est la rareté induite par le numerus clausus qui a créé la valeur de la licence, au détriment manifeste de la qualité de prestation offerte aux clients. Sachant qu’il y a plus de 17.000 taxis dans la seule ville de Paris, ce sont presque 4 milliards qui partiraient en fumée si le numerus était aboli. On comprend sans difficulté que les intéressés s’opposent farouchement à l’arrivée de concurrents susceptibles de ruiner la prime de retraite que représente la cession de leur licence. Mais sans vouloir jouer les Cassandre, il est assez probable que la profession connaîtra son 1er avril 1791 – date à laquelle fut abolie la charge des fermiers généraux.

La recette du jour

Métiers d’avenir

Vous avez investi une grosse pelote dans des licences de taxis. Votre capital est en danger : il est temps de céder votre business et de vous reconvertir. Avec le produit de la vente, achetez une ligne de métro : le temps que les concurrents souterrains s’organisent, votre famille aura fait fortune jusqu’à la dixième génération.

deconnecte