USA/France : 8,83 à (...)

USA/France : 8,83 à 0

Le match avait débuté depuis pas mal de temps et l’issue ne faisait pas de doute : lorsqu’elle joue à domicile, l’équipe de la Justice américaine ne connaît jamais la défaite. Car sur le tapis vert de l’Oncle Sam, la compétition obéit au règlement américain, avec des juges et des arbitres américains. Peu importe que les normes yankees défient la loi commune, comme la liberté des échanges – par ailleurs défendue bec et griffes par l’Aigle américain. Au cas d’espèce, lorsque Washington décrète l’embargo sur certains pays qui déplaisent à l’Amérique, la mesure prend une portée intergalactique. Tout particulièrement à l’égard des banques, si elles utilisent la seule vraie monnaie internationale : le dollar. Ma monnaie est ma loi, telle est la véritable devise des States. Pour avoir défié le diktat US, non en l’ignorant crânement mais en dissimulant et maquillant ses écritures – une pratique consubstantielle à l’industrie bancaire – la BNP s’est exposée à la défaite la plus lourde de son histoire : la contrition pataude contre 8,83 milliards de dollars. Le score est sévère et bon nombre d’équipiers se retrouvent définitivement sur la touche, y compris le capitaine et les entraîneurs.

Il faut reconnaître que la ligne de défense a été plutôt faiblarde et que les supporters gouvernementaux se sont montrés bien silencieux au moment où la partie devenait électrique. Tout au plus notre ministre de l’Economie a-t-il déclaré, à l’issue de la rencontre que « L’extraterritorialité des normes américaines, liée à l’utilisation du dollar, doit conduire l’Europe à se mobiliser pour faire progresser l’usage de l’euro comme monnaie d’échange internationale  ». Il était temps que l’on s’aperçût officiellement des dommages collatéraux que provoque l’hégémonie du dollar. La sanction infligée à BNP est assortie d’une pénitence : elle sera interdite de compensation sur le dollar pendant un an. Voilà une heureuse disposition que l’établissement pourra mettre à profit pour minorer le poids de sa monstrueuse amende : ne pouvant l’acquitter en dollars, elle devrait la régler en pesos cubains, en livres soudanaises ou en rials iraniens. Sur la base du cours officiel, bien sûr, qui surévalue outrancièrement ces devises nationales. Le boni réalisé devrait ainsi permettre de mettre de côté une petite cagnotte, afin de payer le bonus des futurs employés qui, eux, sauront déjouer les règles américaines sans se faire piéger.

La recette du jour

La fortune aux pieds

Vous êtes banquier et donc légitimement inquiet : comment survivre s’il n’est plus possible de tricher sans se faire arnaquer par la justice américaine ? En effet, la situation est grave. Transformez votre établissement en club de foot : ce marché est encore riche en potentiels inexplorés, tant que le dollar ne l’a pas contaminé.

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