USA : la dinde au régime

USA : la dinde au régime

Il existe un indicateur capital de l’état de l’économie US : les dépenses des ménages pour les fêtes de Thanksgiving. C’est un moment-clé pour le commerce yankee qui doit approvisionner les traditionnels banquets familiaux, et une tragédie pour les dindes qui subissent pour l’occasion un authentique génocide. Sauf celle qui est épargnée par le Président lui-même, usant avec bienveillance de son droit de grâce (deux condamnées ont même été amnistiées cette année : Obama devait justifier de son Nobel de la Paix). Bonne nouvelle pour le pays : les Américains ont été plus nombreux que d’ordinaire à traquer les bonnes affaires des soldes du Black Friday. Mauvaise nouvelle : ils ont dépensé moins que l’année précédente. On doit donc supposer qu’ils se sont montrés parcimonieux dans leurs achats de boustifaille, pour la seule raison qui puisse les y contraindre : ils ont moins d’argent à claquer. Une conséquence positive, toutefois, à leurs achats de dindes naines : ils ne seront pas obligés de se taper les restes pendant toute la semaine.

L’appauvrissement des populations du Nouveau Monde serait donc une réalité avérée. Le dernier signal sera celui des achats consacrés aux fêtes de fin d’année : le budget des cadeaux va-t-il en souffrir ? Les stratèges de la distribution ne se déclarent pas inquiets, mais les mauvaises surprises sont à redouter. Car le pouvoir d’achat du plus grand nombre tend à s’éroder, en dépit des signaux encourageants que délivrent les statistiques officielles – dont la crédibilité est de plus en plus suspecte. En revanche, les super-riches continuent d’arrondir leur fortune, au point de ne plus savoir quoi faire de leurs nouveaux gains. On plaint sincèrement ceux qui auront à leur choisir un cadeau : ils ont déjà tout ce qui peut faire l’objet de convoitise. Qu’il nous soit donc permis de donner une idée originale à ceux qui devront gâter un ami milliardaire : un séjour en Afrique du Sud. Mais pas n’importe où. Une chaîne hôtelière de luxe vient de promouvoir un concept inconnu de la jet set : la chambre dans un bidonville. Le dernier chic des nantis, c’est d’aller crécher dans un bungalow bricolé de tôle ondulée. Une sacrée aventure que celle de vivre quelques nuits dans la peau des super-pauvres. Si l’on en croit la narration, ces derniers ont modérément apprécié l’initiative du groupe hôtelier…

La recette du jour

Dénuement : le dernier chic

Vous êtes dans le commerce et vous vous inquiétez de l’impécuniosité croissante de vos clients. Vous devez réagir et spécialiser votre offre vers la clientèle fortunée. Mais pas avec des produits de luxe : les nantis en sont gavés. Offrez-leur l’ordinaire des SDF à des prix démentiels : le dénuement est la tendance de cet hiver. Pour ceux qui n’y sont pas obligés, bien entendu.

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