Portrait - Clodart, son petit bazar artistique
- Par Marine Einaudi --
- le 26 décembre 2025
Les modes d’expression de l’artiste : le collage, les doodles, le street art… Son moment favori de l’année : Noël
De l’autre côté de la vitrine, Clodart fait des points, des petits points, toujours des petits points… Elle remplit les espaces lisses et nus des restaurants, des agences immobilières et autres commerces de ses dessins de Noël en mode doodle.
« Griffonner en anglais. Au collège, je faisais des dessins instinctifs sur mes cahiers pour tromper l’ennui. L’école, ce n’était pas une passion. Je suis dyslexique, j’ai redoublé deux fois. Pendant les cours, je noircissais mes feuilles de dessins, c’était devenu une thérapie. L’accumulation, remplir, prendre de la place, ça jaillit, ça vient tout seul sans réfléchir. »
Les doodles de Clodart empruntent à l’art floral et à la calligraphie. Ils sont pensés et esthétiques, c’est toute la différence entre le doodle gribouillé sur un coin de nappe au restaurant et le doodle devenu art. Sous la pointe de ses stylos, on décrypte des histoires enfantines : « en tant que créatrice, je fais des doodles pour les événements de la vie. Dans un style similaire mais toujours unique, j’entrelace les détails d’une histoire dans chaque dessin. »
Nouvelle technique
Dans son petit bazar artistique, Clodart a ajouté, depuis 3 ans, une nouvelle technique à sa palette : le collage. Initiée par l’artiste plasticienne Tina de Rubia, Clodart a d’abord beaucoup travaillé autour du monde marin : la baleine, son mammifère préféré, « énorme mais si légère et si douce à la vue. J’en ai dessinée une et j’ai commencé à en coller sur les plages de Saint-Jean avec le message "Protège ta mer". » Suite à un reel sur Instagram, la ville de Nice la contacte en 2024 et passe commande pour les 200 ans de la Promenade des Anglais. Clodart réalise pour l’événement un bassin à plat où nagent 1000 requins anges de mer, une espèce qui tiendrait son nom de la Baie des Anges. « La légende dit qu’ils protégeaient les pêcheurs. Ils ont une forme qui les situent entre la raie et l’ange avec les yeux sur la tête et ils scintillent comme des petites étoiles les soirs de pleine lune. J’en ai fait des grands de plus de 2 m, des petits de 20 cm : ils s’entrelaçaient comme s’ils dansaient. » Aujourd’hui, ce squale n’est plus dans la baie, il est classé en danger critique d’extinction en Méditerranée. Cette œuvre éphémère de Clodart portait un message de protection, de préservation que revendique l’artiste. Côté street art, la jeune femme poursuit l’aventure avec une participation en octobre dernier au premier festival de street art de Nice, le N.U.M.A (Nice Urban Music § Arts).
Modèle vivant
Le corps comme matériau de la démarche artistique, l’artiste dévoile une nouvelle facette d’elle-même. Sa peau tatouée de doodles qu’elle a dessinés : une plume qui raconte des histoires, la lune de la renaissance, tous ses petits symboles et cette femme qui remonte son bas, croquée par Toulouse-Lautrec… Un clin d’œil aux modèles et à une envie non dissimulée. Clodart confie : « Sur la liste des choses que je voulais absolument faire, j’avais noté modèle vivant. Quand j’étais à l’école d’art, un prof m’avait dit que j’avais le corps pour être modèle nu. Comme je suis ronde et que j’ai des formes généreuses, ça s’y prête bien ! » Une amie artiste lui a offert d’être croquée à son tour : « Se mettre à nu devant des inconnus pour qu’ils puissent apprendre à dessiner un corps, il n’y a rien de sexuel ni de vulgaire ni de dégradant c’est juste beau et poétique. Et puis apparemment je pose bien et j’aime bien le faire. Quand je pose, il faut parfois rester cinq minutes sans bouger. Mon esprit s’évade et part en méditation. J’ai l’impression d’avoir des hallucinations et de voir les tableaux de la galerie bouger. »
Et l’imagination créative de Clodart part au galop.



