EXPO : Maurice Denis, (…)

EXPO : Maurice Denis, enfin sorti d’un injuste oubli

Bien sûr, le grand public connait moins le nom de Maurice Denis que ceux de Renoir, Monet ou Cézanne, même s’il était une star de la peinture au début du siècle dernier. Il fut pourtant exposé en 2007 à Orsay à Paris et l’est actuellement au Musée des Beaux Arts Jules-Chéret de Nice, à l’occasion du centenaire d’une exposition à laquelle il n’avait pas pu se rendre en personne, occupé par ses commandes et par la naissance d’un enfant. Il fut l’invité d’honneur de cette manifestation pour laquelle il avait sélectionné scrupuleusement quarante-trois oeuvres envoyées à ses frais sur la Côte d’Azur.

Auparavant, de 1906 à 1922, Maurice Denis visite notre région à plusieurs reprises. Il accomplit à bicyclette un voyage hivernal jusqu’à Bordighera. Il s’éprend des paysages et de la végétation méditerranéenne que l’on verra maintes fois orner ses tableaux. Il séjourne à Antibes, peint des vues de l’Estérel, du Baou de Saint Jeannet.

Mouvement Nabi

L’exposition qui vient de débuter à Jules-Chéret confirme les raisons deu succès dont le peintre a été l’objet. Elle réévalue son œuvre et montre le rôle crucial qu’il a joué dans la théorie de l’art dans sa fameuse phrase : «  se rappeler qu’un tableau, avant d’être un cheval de bataille, une femme nue, ou une quelconque anecdote, est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées ».

(détail) Nausicaa, jeu de balles, huile sur toile habituellement présentée au musée national du sport de Nice. (Photo ©M.L)

Il annonce cette future révolution ayant conduit à l’art abstrait ! Le mouvement Nabi auquel Maurice Denis appartient est plutôt de caractère intimiste, symboliste et décoratif. Il se réfère à la tradition classique dans ses citations et sa forme. Fervent catholique, le peintre met l’art au service de sa foi. Sa peinture si parfaite dans sa facture, à la palette de couleurs si séduisantes, si totalement charmante dans son ensemble est d’un goût « parfait » pour plaire à la bourgeoisie de l’époque. Il manquerait à nos yeux d’observateur du XXIe siècle qu’une spontanéité et une folie créatrice que l’on vit éclore après la Première guerre mondiale. On ne retrouve pas cette étincelle dans l’œuvre de Maurice Denis. Cependant nous nous plaisons fort à admirer l’art avec lequel sa palette se fond dans les bleus, les roses et les vert véronèse qui créent de la sérénité dans ses paysages idylliques.
Preuve d’un intérêt nouveau pour son œuvre, la ville d’Angoulême présente au même moment une exposition consacrée à cet artiste voyageur : œuvres peintes pour certaines inédites, des dessins, carnets, livres illustrés, photographies, lettres. Pour ne plus rien ignorer d’un créateur aujourd’hui éclipsé par Renoir, Monet ou Cézanne…

À Nice, jusqu’au 8 mars 2026.

Maillol sculptant dans un paysage inventé. (photo ©ML)

Photo de Une ©ML