Jo Fischer, itinéraire

Jo Fischer, itinéraire d’une autrice déterminée

Présente au salon international du livre de Monaco, Jo Fischer nous dévoile sans détours les étapes du parcours d’une écrivaine émergente.

La petite Jo a grandi dans un appartement parisien meublé de bibliothèques dont les étagères ployaient sous le poids des livres. Très curieuse des peuples autochtones, elle traînait ses fonds de culotte au musée de l’Homme. Et puis Jo, l’autrice, est née dans un atelier d’écriture après une carrière d’enseignante de plus de trente ans. Aujourd’hui elle invite le lecteur à un voyage poétique, littéraire et intemporel en Arizona pour découvrir Objiwana, un Amérindien pris entre deux cultures. « Je suis fière, j’ai envie de faire des rencontres avec les lecteurs et d’autres auteurs et de partager des passions. » Quatre années pour écrire ce premier roman, mettre le point final et débuter une autre aventure, qui est peut-être la plus compliquée, celle de donner à lire aux autres.

Barrière

©ME

Jo n’a jamais hésité, il fallait y aller de toute façon. « J’ai été écrivaine, ensuite j’ai exploré le monde de l’édition en faisant un travail de fond et j’ai vite compris que quand on n’a pas un réseau, un contact, il est difficile d’intéresser les grands éditeurs. Si tu n’as pas une forte visibilité numérique avec un nom qui ressort sur les moteurs de recherche, tu as peu de chance de passer la barrière de leurs comités de lecture. » Mais rien qui ne la décourage. Jo ne néglige aucun détail, elle engage une bêta lectrice qu’elle finance à hauteur de 1 000 euros pour la relire et apporter les modifications nécessaires pour aborder au mieux « le deuxième cercle de l’édition », celui des éditeurs de calibre plus modeste.
Elle finira par opter pour un éditeur parisien, Hello, après avoir fait un gros travail de tri. «  J’ai choisi cet éditeur car il propose un vrai contrat à titre d’éditeur et non un contrat d’auteur (qui équivaut à de l’auto édition) celui qui ouvre les portes de la société des gens de lettres, des salons littéraires et des librairies. » L’éditeur procède ensuite à une nouvelle relecture du manuscrit, guide l’autrice dans le choix de la couverture et le roman part à l’impression. Puis, contrairement aux grandes maisons d’édition, ici, les auteurs peuvent acheter un certain nombre d’exemplaires de leur ouvrage pour les proposer eux-mêmes au public.

Aventure

©HELLO

« C’est une aventure au long cours. Un écrivain doit être multitâches : passer de la plume à VRP, au marketing, incarner un personnage en trois secondes pour faire entrer un passant dans son univers. »
Jo a prévu une dizaine de dates d’ici à début novembre pour faire connaître Objiwana et les siens, une saga familiale dans l’Amérique des années 70 hippies, époque où tout semblait possible. « Je veux sortir de ma zone de confort et qu’au-delà de la famille et des amis, on achète mon livre parce qu’on a envie de le lire, qu’il voyage sans considération pour l’auteur. » Jo n’attend pas qu’on fasse les choses à sa place. La promotion de son roman se fait en synergie avec son éditeur mais face aux lecteurs, c’est à elle de tout imaginer, de tout scénariser. Elle s’est composée un personnage qui cadre avec son roman pour interpeler ses futurs lecteurs qui la questionnent. « On dirait une amérindienne, vous avez des origines ?  » La conversation s’engage et le lecteur peut être séduit. Jo a vendu 12 romans à Monaco. L’écrivaine a déjà d’autres projets, elle prévoit de se diversifier en élaborant des albums pour les plus petits à partir des personnages enfantins de son roman. « Il faut savoir toucher des publics variés pour se démarquer. » La concurrence est galopante. En France, le désir d’écrire se fait de plus en plus fort. En 2022, un sondage Odoxa pour le Figaro révélait que 12 millions de Français avaient cette envie et que 5 % passait à l’acte d’où le succès grandissant de l’autoédition. Chacun aimerait être lu, remarqué… Le chemin sera donc long. Jo reste lucide : « On peut attendre très longtemps la lumière et elle peut ne jamais arriver. Il faut aborder cette aventure avec beaucoup d’humilité.  »

Photo de Une ©ME