La Villa Masséna bientôt mise « sous cloche »
- Par Jean-Michel Chevalier --
- le 25 novembre 2023
Avec l’emblématique Negresco, c’est assurément l’une des plus belles bâtisses de la Promenade des Anglais. Une élégance d’un autre temps. Une classe princière d’Ancien Régime, comme une parenthèse du temps jadis dans notre métropole contemporaine si frénétique. Propriété de la ville de Nice depuis 1917, la Villa Masséna est, en compagnie du Mamac et du musée Matisse, le lieu le plus visité par les touristes.
Curieusement, elle ne fait pas encore l’objet d’un classement national aux Monuments Historiques qui la mettrait à l’abri de toute évolution à l’avenir (sait-on jamais…). Un oubli bientôt réparé : le dernier Conseil municipal a acté la demande de classement au terme de la procédure administrative devant la Direction régionale des affaires culturelles PACA. Le dossier est maintenant sur la table du préfet de Région.
Une villa « de plaisance »
Député des Alpes-Maritimes sous le Second Empire, Victor Masséna était aisé et aimait son confort. C’est lui qui fit construire en bord de mer à la toute fin du XIXe siècle cette grande « villa de plaisance » entourée d’un parc de deux hectares arboré et protégée par de lourdes grilles. Il fit les choses en grand, sans regarder à la dépense, donnant consigne aux architectes d’imaginer une villa dans l’esprit « paladien » des demeures néo classiques italiennes alors en vogue dans l’aristocratie. La grande classe. Il était le petit-fils du maréchal André Masséna, prince d’Essling et duc de Rivoli par la grâce de Napoléon, en reconnaissance de ses mérites militaires. Son nom a été donné à la plus grande place de Nice et figure sur l’Arc de Triomphe. Sa statue surveille la Promenade du Paillon. Son descendant Victor Masséna légua à la commune cette villa reçue en héritage avec l’obligation qu’elle devienne « un musée emblématique et un lieu de prestige ». Volonté respectée, puisque ce grand paquebot reçoit à longueur d’année des expositions et des salons, en plus des réceptions officielles des hôtes importants, sans même parler de tournages de films.
Et près de 80 000 visiteurs par an.
Un classement protecteur
En 1975, une première inscription aux Monuments Historiques, régionale celle-là, concernait le toit et la façade de la villa. Le reste – un pavillon, les jardins - n’était pas concerné, ce que va rectifier le probable et futur classement national. Dès lors, tout le site sera sous cloche et pourra continuer à recevoir du public et sera transmis « indemne » aux futures générations.
Le classement national devrait permettre de bénéficier de subventions publiques (à hauteur de 50 %) pour les travaux d’entretien et de restauration. Il soulignera l’intérêt patrimonial de cette propriété et n’empêchera pas les activités habituelles de s’y dérouler, comme c’est le cas depuis 1921, année d’ouverture du musée. Celui-ci présente des collections liées à l’histoire de Nice, du Premier Empire jusqu’à la fin de la Belle Époque, avec ses mobiliers, peintures, sculptures et objets d’art rappelant l’époque napoléonienne. Y sont exposées des pièces exceptionnelles comme le masque mortuaire de Napoléon réalisé à Sainte Hélène, le diadème en nacre, or, perles et pierres de couleur offert à l’impératrice Joséphine par Murat, le livre du préfet Stéphen Liégeard qui fut l’inventeur du terme « Côte d’Azur ». Effectivement, tout cela vaut bien un classement…