Les drôles de dames du luxe chez Artcurial : Julie Valade, spécialiste de la haute joaillerie
- Par Julie Biencourt --
- le 29 décembre 2020
La joaillerie, Julie Valade est tombée dedans par inadvertance. Si rien ne semblait la destiner à devenir expert en gemmes, pierres et parures, elle co-fonde le département joaillerie de la Maison Artcurial en 2005. Depuis 15 ans à la tête de ce département, elle livre son histoire.
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« Mon parcours est une succession de chance et d’opportunités », raconte Julie Valade, experte en joaillerie chez Artcurial. Jeune femme, la spécialiste des bijoux se destinait à une carrière de commissaire-priseur. C’est motivée par cet objectif qu’elle entama des études en droit puis en histoire de l’art, à l’Ecole du Louvre. « La joaillerie ne m’intéressait pas au départ. À l’Ecole du Louvre j’étudiais l’art contemporain donc rien à voir », explique-t-elle souriante. « Mais une fois que l’on s’intéresse à ce domaine, c’est un sujet passionnant, aux multiples facettes », détaille la spécialiste. C’est à la fin de ses études que Julie Valade tombe peu à peu dans le monde de la joaillerie et de l’expertise : « Après mes études en histoire de l’art, je suis rentrée en stage à l’étude Tajan -à l’époque première étude de France-, et j’y ai été embauchée. D’abord comme collaboratrice au département Arts Déco puis au sein du département Joaillerie ».
À partir de là, tout semble s’être enchaîné pour la jeune experte. « J’ai pu me faire beaucoup de relations du métier, c’est d’ailleurs à ce moment-là que j’ai fait la connaissance de Chantal Beauvois », une experte de renom en joaillerie. « Elle cherchait une assistante pour son étude spécialisée dans la joaillerie, c’est là que j’ai réellement pu apprendre le métier d’expertise ». En parallèle à son nouveau poste, Julie Valade décide alors de compléter sa formation en histoire de l’art avec une formation en gemmologie : « Comme je n’avais pas axé mes études là-dessus, j’ai voulu compléter mes connaissances à l’Ecole de Gemmologie », précise-t-elle. Julie Valade apprend son métier sur le tas, de salles des ventes en salles des ventes, « nous faisions de très belles ventes à Monaco ou à l’hôtel George V… C’est comme ça que j’ai appris le métier d’expertise ». Et la chance lui sourit encore.
Co-fondatrice du département joaillerie chez Artcurial
Nous sommes en 2005. L’Etude Tajan change de main, avec la vente de l’étude à une autre propriétaire : « Jacques Tajan était déjà parti, souligne l’experte. François Tajan a tenu six mois avec la nouvelle propriétaire avant de rejoindre Artcurial ». À ce moment-là, Artcurial n’a que deux ou trois ans d’existence et tout semblait à construire. « Aucun département de joaillerie n’existait à l’époque, comme d’autres disciplines qui n’avaient pas leur département dédié ». François Tajan lui propose alors un nouveau challenge : créer, ensemble, un département joaillerie au sein de la maison Artcurial. « On a tout construit concrètement, à monter des bureaux, faire monter des coffres… Il n’y avait rien, confie la spécialiste. C’était il y a 15 ans ». Avant leur première vente spécifique entièrement dédiée aux bijoux, les pièces de joaillerie étaient simplement vendues dans d’autres ventes : « les bijoux appartenaient alors au département Mobilier et Objets d’art et étaient mélangés aux autres pièces d’art décoratif (…). Il n’y avait ni catalogues ni ventes dédiées », se remémore-t-elle. Une tendance qui semble trouver une réponse facile : à cette époque, les acheteurs préféraient l’art contemporain, les automobiles ou encore le design. Autant de disciplines sur lesquelles s’étaient axés les fondateurs de la maison française, car « c’est ce qui marchait à ce moment-là ». Aujourd’hui, le département joaillerie chez Artcurial est un « pilier » de la maison : « Chaque année nous organisons deux belles ventes dédiées à la joaillerie à l’hôtel Hermitage de Monaco ». Un sacré chemin parcouru depuis l’époque où la joaillerie n’était qu’accessoire.
Le bijou, un domaine passionnant
« Je pourrais parler de mon métier pendant des heures », assure Julie Valade. Car si de prime abord rien ne semblait la destiner à se passionner pour les bijoux, pas de doute, la spécialiste est tombée dedans pour ne plus en ressortir. « Une fois que l’on s’intéresse à la joaillerie, c’est forcément passionnant. C’est un domaine doté de multiples facettes tellement techniques, que chimiques ou même historiques. » Une anecdote lui vient : « Pendant la période autour de 1935, il n’y avait plus d’échanges commerciaux entre les pays pour les gemmes et les pierres. Les rubis de l’époque sont des rubis synthétiques. Il y a plein de choses comme cela à savoir, et c’est passionnant ». Des techniques de taille des diamants, à l’explication chimique de leur fabrication ou bien l’écho qui existe entre les bijoux et leurs époques, « tout est passionnant dans ce domaine ». Grâce à ses connaissances et aux tendances qui se dessinent régulièrement sur le marché, l’experte est capable de prodiguer de précieux conseils à ses clients les plus fidèles comme aux amateurs nouvellement venus. « Ils me demandent ce qu’il faut acheter, ce qui est intéressant, ce qui est bon marché… Ils me demandent aussi des choses très particulières, des désirs que l’on consigne dans un coin de notre tête ». Et pour bien conseiller, il est nécessaire de se tenir au courant des tendances du monde de la joaillerie. « Niveau tendance, je trouve qu’il y a un retour des années 1980, précise Julie Valade. Il y a encore quelques deux ou trois ans en arrière les gens s’attachaient à des bijoux intemporels et faciles à porter. Des pièces en or gris, avec des diamants, très peu colorés…Mais la tendance s’inverse aujourd’hui. On remarque un attachement aux années ’80 avec des bijoux en or jaune, très colorés, plus gais ». Mais elle le dit : une collection de bijoux doit d’abord plaire à soi tout en cherchant « le bon équilibre entre valeur du bijou, valeur du marché et goûts personnels ». Mais il ne faut jamais hésiter à demander conseil auprès d’un expert.