Exposition - On est tous fous de Ben !
- Par Marie Lesimple --
- le 24 février 2024
« Ce que le public te reproche, cultive-le, c’est toi ». Nous avons eu toute une année au musée d’art naïf Anatole Jakovsky de Nice pour méditer sur cette recommandation de Jean Cocteau en passant en revue la somme des slogans décalés de Ben, dans une divertissante rétrospective de près de 200 œuvres ! Ses « petites idées », comme il dit : des sculptures, photographies, tableaux détournés, vidéos, reconstitutions d’intérieurs, son salon, sa chambre à coucher et sa salle de bain.
Présentés dans un délicieux désordre, couvrant 500 mètres carrés, Ben à qui le musée avait donné carte blanche pour cette année exceptionnelle nous offre une expérience immersive jouissive. Après le 6 mai, il sera trop tard.
On ressort du musée le cerveau en ébullition, jusqu’à la folie. « On est tous fous » est une plongée dans l’esprit d’un artiste qui s’acharne à désacraliser l’art, en l’intégrant de façon triviale dans notre quotidien dans ce qu’il a de plus trivial. Ben a fait de sa vie un art, sans dévier d’un iota, jusqu’à nous surprendre par son énorme rire dans l’esprit Fluxus. En somme, si nous avions des reproches à lui faire : certainement pas celui d’être ennuyeux !
Une œuvre foisonnante
Il n’est pas le seul à dépasser les frontières de l’art jusqu’à l’absurde. Dans sa carrière foisonnante, il a rencontré beaucoup d’artistes avec lesquels il s’est senti des affinités. Il en a entraîné quelques-uns avec lui, eux aussi sont présents dans cette exposition-rétrospective et il est plutôt bien entouré.
Les tableaux de Ben se sont installés sur les cimaîses du musée d’art naïf aux côtés des œuvres d’Anatole Jakovsky et des autres artistes amis du créateur niçois qu’il a plaisir à montrer.
Il explique : « ma collection est une histoire de rencontres de hasard et de bières prises et bues sur la place Garibaldi entre copains ».
A-t-il trinqué avec Roland Topor ? Avec Beaudoin ? Avec le maître à penser Marcel Alocco ? Avec les mousquetaires de la figuration libre ? Avec Catherine Violet ? A-t-il joué avec des allumettes avec Bernard Aubertin ? Avec Moya représenté par un tableau qui n’est pas un Moya classique ? Avec Steiner ? Avec le prof de la villa Arson Christian Vialard ? Avec Natacha Lesueur, Gérald Panighi, François Paris, Jean-Luc Verna, Serge Oldenbourg, encore un de l’école de Nice, et plus largement de Fluxus ?
Un capharnaüm artistique aussi foisonnant que la vie de Ben qui, à 88 ans, reste un esprit libre aux aguets, toujours prêt à surprendre.