ORA-ÏTO, trop bien assis

ORA-ÏTO, trop bien assis sur le succès

Jusqu’au 15 juillet, nous avons la possibilité de voir exposées les œuvres d’Ora-Ïto à la Podgorny Robinson Gallery à Saint Paul-de-Vence.
Ce qui nous a permis de nous rendre compte que cette personnalité riche, jeune et célèbre, fils du joaillier Pascal Morabito, concepteur du design de la ligne de tram numéro 2 à Nice, est loin de faire l’unanimité dans le monde du design et de l’architecture.

C’est aussi l’occasion de présenter ici une galerie qui fait un excellent travail, exposant des artistes contemporains réputés et des artistes émergents que Jason Robinson, son patron, accompagne dans le développement de leur carrière : Bernard Bezzina, Arik Levy, Sam Francis, Franck Stella… 


Le futur Philippe Starck...

©Laurent thareau adagp 2024 Courtesy of the artist and Podgorny

La galerie Podgorny ayant invité les journalistes à une visite pour le premier jour d’exposition, il leur a été expliqué qu’Ora-Ïto exposait un travail personnel, à savoir une série de pièces déclinant couleurs et formes géométriques élémentaires. Le designer se tournant cette fois vers la forme sans fonction des modernistes « avec leurs rondeurs minimalistes, leurs lignes claires  », «  des silhouettes qui évoquent aussi bien des interfaces numériques que matérielles ». Cette exposition se prolonge hors les murs avec des sculptures murales exposées dans le lavoir en face de la galerie.
En vingt ans de carrière, ayant régulièrement rencontré des artistes de grande envergure, on sait que la courtoisie et la simplicité vont de pair avec le talent. Nous aurions préféré être reçus comme nous le sommes d’habitude, à savoir rencontrer et discuter avec l’artiste de son travail. Au lieu de quoi, il a fallu se contenter d’apercevoir Ora-Ïto assis devant la vitrine de la galerie, glissant un coup d’œil au visiteur sans daigner bouger de son poste d’observation. Ce talent, quelquefois mis en doute avec virulence dans le milieu des designers, fait aussi l’objet d’un certain doute dans le monde des arts. Le succès rencontré par cette personnalité désignée comme le futur Philippe Starck a fait de lui un « people ».
Peut-être parce que n’ayant pas terminé ses études de design, il suscite aujourd’hui des jalousies chez tous ceux qui peinent à se faire reconnaître. Mais, à cette réussite, se joint une attitude méprisante, on comprendra les réactions dans la presse, des journalistes le qualifiant « de faux architecte, vrai imposteur ». Ora-Ïto ayant déclaré que «  le diplôme d’architecte ne sert pas à grand chose », il s’est évidemment attiré la sympathie de la profession, et de celle de ses confrères designers... Il lui a été reproché pour son logo « Marseille en grand » un dessin identique à celui d’une marque de vêtements de sport. Mais, toujours modeste, il a rétorqué que ce n’était pas à lui de vérifier cela. Une personnalité clivante, on vous dit, qui finalement empêche d’apprécier son travail à sa juste valeur…
Marie LESIMPLE

Photo de Une : ©M.L