Châteaux en danger

Châteaux en danger

Le château de Chambord, parmi bien d’autres monuments français emblématiques, subit les outrages du temps et du réchauffement climatique. En particulier son aile dite « François 1er », qui présente des fissures inquiétantes. Elle est soutenue par des étais, en attendant des jours meilleurs, et que soit réunie la somme de 37 millions d’euros pour les travaux nécessaires de consolidation, dont 12 à réaliser en urgence.

Le ministère de la Culture a inscrit deux millions sur le prochain budget pour amorcer la pompe. C’est bien, mais loin d’être suffisant. Malgré une époque placée sous le signe des économies, les députés ont donc voté à une large majorité en première lecture un encouragement aux dons destiné à soutenir le monument pour éviter qu’il ne s’écroule partiellement. Concrètement, la mesure consiste à porter de 66 % à 75 % l’exonération d’impôt, dans la limite de 1 000 euros, et seulement pour l’année 2026. Un dispositif qui a déjà été utilisé avec succès pour la reconstruction de Notre-Dame de Paris. La ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, est la première à reconnaître « l’urgence patrimoniale pour le château le plus visité de France ».

Avec son immense parc, son escalier à double révolution, ses toits-terrasses, ses corps de bâtiment aussi imposants qu’élégants, Chambord est un phare qui attire des milliers de touristes internationaux chaque année. Chinois, Japonais, Américains viennent y trouver une « certaine idée de la France » et en repartent éblouis après avoir fait provision de selfies.

Mais Chambord n’est pas le seul château de la Loire (1) à présenter un bulletin de santé inquiétant. À une trentaine de kilomètres, Chenonceau est aussi impacté par le changement climatique. Les sécheresses à répétition font baisser le niveau du cours d’eau en été et mettent à l’air libre les pieux en bois qui soutiennent l’édifice. Cette succession d’alternances « sèches » et « mouillées » provoque un pourrissement des supports. En hiver, des pluies importantes viennent lessiver les maçonneries et des troncs d’arbres charriés par les crues tapent sur les piliers en les fragilisant. Coût estimatif des travaux : 10 millions.

À Amboise, après un épisode de pluie hivernale, il a été nécessaire d’évacuer une centaine de personnes habitant sous le château : il y avait un risque d’éboulement. À Azay-le-Rideau, les douves sont envahies par des algues, un casse-tête pour les jardiniers qui doivent aussi s’adapter comme les plantes du jardin au réchauffement.

Pour entretenir ce patrimoine qui a traversé les siècles et fait la fierté de notre histoire, il faudra donc mettre la main à la poche. De façon volontaire, et par l’impôt.



(1) L’appellation est trompeuse. Les 42 châteaux « de la Loire » ne sont pas tous sur les rives du fleuve royal. Pour ceux cités dans cet article : Chambord est à 4 kilomètres des rives ligériennes, bâti sur la modeste rivière Cosson. Azay est blotti entre deux bras de la Creuse, Chenonceau surplombe le Cher.

Les Azuréens généreux

La Fondation du patrimoine récolte des dons pour 33 opérations dans les Alpes-Maritimes qui vont de la restauration d’un modeste four communal à celle, ambitieuse, du sanctuaire de la Madone de Fenestre endommagée par les pluies diluviennes. Au total, les sommes collectées auprès de donateurs volontaires dépassent les 700 000 euros.
La Fondation est reconnue d’utilité publique. Toute donation de la part de particuliers, y compris les legs ou les contrats d’assurance-vie, est exonérée de droits de mutation. Vous pouvez déduire de votre impôt sur le revenu 66 % de la valeur de votre bien, dans la limite de 20 % de votre revenu imposable.
Pour les sociétés, les dons sont déductibles de l’impôt sur les sociétés, à hauteur de 60 % du montant du don jusqu’à 2 000 000 d’euros et de 40 % au-delà, dans la limite de 20 000 euros ou 5 ‰ du chiffre d’affaires HT lorsque ce dernier montant est plus élevé.
À moins que le budget 2026 ne rebatte les cartes...

Photo de Une : Le château de Chambord, parmi bien d’autres monuments français emblématiques, subit les outrages du temps ©DR