Salvador Dali : ses (…)

Salvador Dali : ses excentricités jubilatoires

Il est, à sa façon, une rock star. Dans le sens où, quoiqu’il dise (et il est bavard !), quoiqu’il fasse (et il en fait des tonnes !), il attire la lumière sur lui, ne laisse personne indifférent, bouscule les habitudes comme les bienséances par ses multiples provocations. Personnage public, il est aussi totalement incernable. L’exposition présentée à la galerie Port Lympia permettra d’en savoir un peu plus sur le maître de la « méthode paranoïaque critique » et autres fariboles comico-artistiques qui traversèrent le XXe siècle pour arriver jusqu’à nous dans un état d’étonnante fraîcheur.

Maestria

Mmouais... Le Catalan a tellement produit et tellement saturé l’espace public que certains font une petite moue sur son œuvre, qu’ils considèrent comme anecdotique, surévaluée, bref, tellement à la mode de son époque qu’elle en serait démodée aujourd’hui. Ils ont tort.
Si Dali, qui se fabrique un personnage (et quel personnage !), peut être discuté, si son avidité bien connue pour les dollars l’a conduit parfois à des niveaux indignes de son talent, son travail reste important pour l’histoire contemporaine de l’art. Il est immédiatement reconnaissable, ses visions sont dantesques : c’est la signature des grands.
Chacun a déjà vu La Persistance de la mémoire et ses montres molles, Le Grand Masturbateur peint dès 1929, et quantité d’autres toiles devenues célèbres, qui figurent au premier rang des icônes du surréalisme.
Si le personnage est fantasque, imprévisible, excessif, son travail est parfaitement léché, d’une exécution aussi méticuleuse que virtuose. Cela est immédiatement visible pour sa peinture, mais ces qualités se retrouvent aussi dans les divers objets conçus par le maître (comme Le Téléphone-homard, présenté à Lympia, que l’on classerait plutôt dans la catégorie des facéties produisant à bon compte un effet sur le spectateur).
En observant ses dessins et ses gravures, on retrouve la même maestria. Disons que Dali n’a pas mis ses pinceaux et outils au service d’un art prévisible, et l’on a du mal à appréhender l’étendue de ses œuvres, où ces effets « faciles » cachent parfois la substantifique moelle.

En fin publicitaire, ses excès en tous genres — une conférence publique dans un scaphandrier pied lourd, de la publicité pour le chocolat Lanvin, des objets détournés accompagnés de son imprévisible logorrhée dalienne — lui ont valu une notoriété entretenue par des coups médiatiques, des scandales calculés, des excentricités loufoques mises sur le compte du rêve, du subconscient, de l’ouverture sur un autre monde dont il est notre guide.
Exclu du surréalisme par le pape André Breton, il a (bien) survécu à ce mouvement iconoclaste. Son apport à l’art est certain. On va même jusqu’à dire jubilatoire !
À vérifier sur place, à l’occasion de cette exposition « Divines créatures », consacrée aux animaux et aux fantasmes qu’ils provoquent chez le maître.

Visible jusqu’au 23 novembre. Entrée gratuite.

Visuel de Une (détail) :Le Devenir Géologique, oeuvre de l’artiste choisie pour illustrer l’affiche de l’exposition. © Salvador Dall, Fundation Gala -Salvador Dali / Adagp, Paris 2025 - Photographia : ® Raphad le Kriagel