Solliès-Pont : Un joyau musical au cœur du Château Forbin
- Par Laurette PARAY --
- le 29 juin 2024
Et si nous posions un autre regard sur la musique classique ? Si tout simplement nous nous laissions la ressentir… Olga Jegunova, artiste aux multiples facettes et directrice artistique du Festival « Les Nocturnes », offre une dimension essentiellement intime à ce rendez-vous musical qui sait toucher la sensibilité de chacun. Rencontre !
Pouvez-vous nous parler du festival « Les Nocturnes » ?
Olga JEGUNOVA : Le festival offre une semaine remplie de cinq concerts en soirée dont des concerts pour les enfants et accueille des artistes tant locaux qu’internationaux.
Un contenu remarquable
Olga JEGUNOVA : Couvrant des styles et des époques différents, depuis le prébaroque jusqu’à des œuvres contemporaines, y compris des morceaux ayant fait l’objet de commandes spécifiques, le festival assure un contenu dense et remarquable. Cette recherche s’étend jusqu’à la sélection
d’instruments reflétant le vaste répertoire de la musique classique.
Avec une dimension particulière ?
Olga JEGUNOVA : La création de ce festival est un peu comme mon rêve et c’est un objectif en même temps. Je voulais un endroit où les nouvelles impressions, les souvenirs magiques et les amitiés fortes sont créés.
J’ai choisi cette année un programme contrasté, diversifié avec tout de même une harmonie et un équilibre. Je suis certaine qu’après chaque concert, nous sommes plongés dans le bonheur. Il règne un certain mystère dans la musique classique.
La musique classique réunit donc ?
Olga JEGUNOVA : Mon objectif est d’arriver ensemble dans la musique classique. Je crée, au Château Forbin, un espace dans lequel nous pouvons partager les émotions, les impressions. Je voulais faire exister un moment de souvenirs avec le public, qu’il puisse partager ses réactions après le concert. En tant que musicienne, nous sommes solitaires et dans notre bulle. Ce festival nous offre la possibilité de partager avec le public, d’avoir le retour du public, d’être là simplement avec le public après le concert. C’est une immense joie.
L’après est important ?
Olga JEGUNOVA : Oui. Cet espace d’échanges avec les musiciens après le concert me tient particulièrement à cœur. Dans ce moment après le concert, les musiciens sont relâchés et prêts à accepter l’amour du public. C’est comme une thérapie la musique classique.
Cette idée d’échanges avec le public
Olga JEGUNOVA : Cet espace d’échanges est né à Londres quand j’ai créé ma Fondation « Open Music Fondation ». J’ai souhaité voir le festival comme un endroit où des souvenirs, des amitiés se créent avec le public. Effectivement, il existe l’avant, le pendant et l’après concert. C’est le musicien qui fait la connexion entre le passé, le présent et le futur avec le son. Nous ne pouvons pas forcément l’expliquer avec des mots. Nous le ressentons. Nous devenons une meilleure version de nous-mêmes après le concert. Je pourrais parler d’élévation. Tout comme cette nécessité qu’il y ait une scène, les musiciens doivent être plus haut que le public. La musique pourrait se situer entre le ciel et la terre.
C’est la magie de la musique classique ?
Olga JEGUNOVA : J’ai choisi des musiciens capables de parler avec le public sans mot, de toucher le public sans être là physiquement, de vous changer sans vous toucher, de vous améliorer en restant sur la scène.
La connaissance de la musique classique commence par le concert. A ce moment précis, nous pouvons poser un autre regard sur cette langue universelle.
Et ouvrir l’espace à l’autre ?
Olga JEGUNOVA : Chaque musicien est seul avec son instrument. Par exemple, pour le premier concert, nous avons réuni trois solistes. Ce qui est très intéressant, c’est que nous sommes capables d’écouter, de partager, de communiquer, de ressentir. Tout cela ne peut fonctionner que lorsque les trois sont réunis : le public, le compositeur et les musiciens. Cette réunion est parfaite. C’est ce que j’essaie de créer au Château Forbin.
C’est aussi l’écoute du public ?
Olga JEGUNOVA : C’est une grande responsabilité d’être musicien car le public va nous donner une heure de son attention, sans téléphone, sans stimulation extérieure, juste ses oreilles, son cœur. C’est très important l’attention : qu’est-ce que je peux faire avec l’attention du public ? Est-ce que je peux le consoler ? Est-ce que je peux le soutenir ? Est-ce que je peux le divertir ?
Quelles sont vos réflexions après les concerts ?
Olga JEGUNOVA : C’est une analyse qui n’arrête jamais ! Est-ce que j’ai bien joué ? Est-ce que j’ai donné suffisamment de bonheur, de consolation, de divertissement ? Est-ce que j’ai été là pour mon public ou pas ? Qu’est-ce que je peux faire pour jouer mieux ? Qu’est-ce que je peux faire pour être plus proche du texte du compositeur ?
Et, avec une magnifique équipe ?
Olga JEGUNOVA : La musique classique nous a réunis. La création de ce festival a été rendue possible grâce à Régis Vian des Rives, vice-président co-fondateur, grâce au maire de Solliès-Pont, à Madame Smadja, adjointe déléguée à la Culture, à mon Graphic designer, Christian Moehring, à Arnaud de David Beauregard, à la secrétaire géniale, à notre ange, notre régisseur général, grâce également aux 26 bénévoles de la chorale de Solliès-Pont et tant d’autres…
Propos recueillis par Laurette PARAY