
Théâtre - Anthéa, une saison en automne
- Par Marie Lesimple --
- le 4 octobre 2025
En feuilletant le catalogue des spectacles de la nouvelle saison proposés par Anthéa, on s’aperçoit combien il est difficile pour le spectateur de faire son choix tant l’offre est généreuse et de qualité pendant ce premier trimestre.
Après le lever de rideau sur « Un pas de côté » avec Isabelle Carré et Bernard Campan, on reste sur la même lancée avec les spectacles dits incontournables, parmi lesquels nous avons fait notre propre choix en toute subjectivité.
Si l’on cherche un antidote à la morosité, il faut alors réserver le spectacle de Camille Chamoux (les 9 et 10 octobre) qui nous parle de la vie d’une femme ordinaire – elle – aux prises avec les phobies de son époque comme l’alimentation, la santé, les faits de société comme les groupes WhatsApp qui parlent d’amour, de sexe, de musique. Drôle et corrosif.
Bérénice : IA et classicisme
Mise en scène par Guy Cassiers, « Bérénice » est revue et corrigée sous l’angle de la modernité. Cela se traduit par une véritable prouesse visuelle, car la scénographie tient une place cruciale grâce au recours à l’intelligence artificielle. La troupe se retrouve plongée comme par magie dans un environnement fluide grâce à des images projetées, procédé qu’on appelle le mapping. Le lieu de l’intrigue, en évolution permanente, tient compte de l’état psychologique des personnages de la tragédie de Jean Racine. Avec la troupe de la Comédie-Française, nul doute que la langue limpide de Racine trouve ici des interprètes à sa hauteur (16 et 17 octobre).
Le Misanthrope bien sûr
Georges Lavaudant, depuis très longtemps connu et honoré dans le monde du théâtre, bâtit une mise en scène épurée pour « Le Misanthrope » porté par le jeu d’Éric Elmosnino. On explore les pensées des personnages de cette comédie de mœurs subtile, brillante et moderne, pour démontrer avec force que la vérité n’existe pas. Alceste pensé par Lavaudant est un maniaco-dépressif, un type sur pilotis à la voix chevrotante. Il est proche de nous, peut-être une part de nous. Lavaudant, prolixe et profond, construit des mises en scène majestueuses, et au scalpel (les 3, 4 et 5 novembre).
Boum, quand notre cœur fait boum
Place maintenant aux percussions chorégraphiées et à l’innovation artistique. Ceux qui ne connaissent pas encore Stomp, compagnie britannique atypique qui perpétue depuis trente ans des spectacles parfaitement inoubliables, vont comprendre très vite pourquoi nous avons coché les cases des 20, 21, 22 et 23 novembre. La musique est créée à partir d’objets, n’importe quoi, tout accessoire du quotidien, qui s’affranchit de son utilité première et devient prétexte à rythme. C’est époustouflant d’imagination, et surtout très drôle, même si on peut y lire le message défiant le matérialisme.
Samuel Benchetrit met en scène Patrick Timsit et François-Xavier Demaison dans une tragi-comédie sur les liens familiaux. Avec des dialogues vifs et des situations loufoques, « La Famille » explore le manque de communication à l’intérieur d’une famille dysfonctionnelle. Une performance de comédiens, poignants et drôles à la fois. Dans ce dîner à rebondissements, le suspense est aménagé avec adresse (les 5, 6 et 7 décembre).
Et surtout n’hésitez pas à jeter un œil à la programmation complète d’Anthéa qui réserve bien d’autres rendez-vous de qualité.