
Climat et érosion du littoral, des enjeux économiques et environnementaux
- Par Jean-Michel Chevalier --
- le 4 avril 2016
Le réchauffement climatique, les tempêtes et l’érosion naturelle des sols vont profondément modifier le trait de côte d’ici 2100
- Réchauffement
Les études du Groupe d’experts inter- gouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) ont prouvé que les concentrations de gaz à effet de serre causées par l’activité humaine sont responsables du réchauffement climatique. Celui-ci accélère la fonte des glaces aux pôles et provoque l’élévation du niveau de la mer.
- Conséquences incalculables
Ces quelques centimètres de plus auront des conséquences incalculables : modification des écosystèmes et des conditions de production agricole, accrois- sement des risques sanitaires, augmentation des évènements météorologiques. Les dispositions – limitation des émissions de CO2 à l’échelle planétaire – prises par la COP 21 seront-elles suffisantes ? Rien n’est moins sûr...
- Enjeux humains
Avec les effets du réchauffement, les risques de submersion marine menacent des territoires entiers (Floride, Louisiane, Bengladesh, etc) mais aussi... la Camargue ou les Pays-Bas. Le seul effet d’élévation du niveau de la mer va impliquer le déplacement de centaines de millions de personnes ces prochaines décennies.
- Les côtes vulnérables
Le GIEC estime qu’à l’horizon 2100 les températures pourraient augmenter de 1,1 à 4,8 degrés, ce qui provoquerait une hausse du niveau marin de 26 à 82 centimètres. Le Conservatoire du littoral, qui veille sur 1500 kilomètres de côtes, considère que 31% des côtes sableuses en France sont déjà naturelle- ment vulnérables à l’érosion.
- Immeuble évacué
Sur l’Atlantique, cette érosion atteint jusqu’à vingt mètres gagnés sur les terres par an. D’ici à 2040, l’eau devrait s’avancer dans la ville de Lacanau. Les autorités ont déjà fait évacuer - sans espoir de retour - l’immeuble le Fanal à Soulac dont les 78 logements construits il y a quarante ans à 200 mètres du bord de l’eau sont désormais à 20 mètres de l’océan.
- Travaux efficaces ?
Il serait illusoire d’espérer défendre et figer le trait de côte par des travaux colossaux. Le Conservatoire du littoral estime, au contraire, qu’il convient de « redonner de l’espace aux phénomènes naturels, d’utiliser les milieux naturels comme tampon face aux événements et d’éloigner autant que possible les enjeux (habitations, activités) des secteurs vulnérables ».
- A Nice aussi
A Nice, sur les 4,4 kilomètres de la Baie des Anges, 15000 m3 de galets sont emportés chaque hiver. Actuellement, les épis de défense sont « rechargés » avec 1600 mètres cubes d’enroche- ments tandis que les galets empilés par les vagues sont lissés au bulldozer. Les secteurs en travaux vont de Beau-Rivage à Castel et de Carras à Poincaré. D’autres communes des AM « réengraissent » leurs plages avant l’été.
- Des expériences
Des parades adaptées au terrain sont mises en œuvre dans nos régions touristiques : construction d’épis (en Camargue), installation de ganivelles (barrières en lattes de bois) pour fixer les dunes à Saint-Aygulf, pose de drains sous-marins en PVC à Agay qui aident la plage à se recharger, etc. Mais la nature est toujours la plus forte...
- Phénomènes exceptionnels
Dans notre région, plusieurs établissements balnéaires ont du fermer sous l’assaut des vagues. A Fréjus-Plage, plusieurs fois envahi par les flots, le restaurant La Salamandre a été rasé devant le risque. Dans les Alpes-Maritimes, on se souvient de l’exceptionnelle tempête de mai 2010 qui, en quelques heures, a ravagé le littoral d’une quinzaine de communes entre Eze et Théoule, balayant les établissements qui venaient juste de rouvrir pour la saison.