Protectionnisme : Trump

Protectionnisme : Trump a enclenché la machine qui fait perdre tout le monde...

Après la Chine, l’Iran, la Russie, c’est au tour des produits agroalimentaires et industriels du vieux continent d’être ciblés par les USA.

De la suite dans les idées...

S’il est un reproche à faire à Donald Trump, ce n’est pas celui de ne pas tenir ses promesses, même les plus contre-productives. Ainsi, un certain nombre de produits "made-in-Europe" vont être lourdement taxés - jusqu’à 25% - à leur entrée sur le sol US. Cette mesure protectionniste basique est présentée comme une réponse aux taxes et impôts que l’Union Européenne a la prétention de vouloir faire payer aux géants américains, les GAFAM pour faire court.

À usage interne aussi

Mais plutôt qu’une réponse du berger à la bergère, il s’agit là de mesures qui visent surtout à flatter le sentiment patriotique de l’électorat américain populaire ("petits" blancs du monde rural et oubliés de la croissance) sur lequel le multimilliardaire a assis sa base électorale. Pas innocent, à un an des élections, et dans le cadre d’une procédure "d’impeachment" ouverte contre le président. Et tant pis si, en fin de compte, tout le monde est perdant du moment qu’il y a réélection…

Poésie fiscale

La liste des produits taxés relève de l’échantillon à la Prévert, sans autre logique que de toucher des cibles qui font mal à l’économie du vieux continent. La facture totale sera salée, de l’ordre de 7,5 milliards, comprenant aussi bien les Airbus assemblés à Toulouse (cela tombe bien, Boeing est en pleine panade avec ses 737 Max cloués au sol), que les vins et les machines-outils.

Tout le monde va trinquer

Dans cette "punition fiscale", aucun des grands pays européens n’a été oublié. La France d’abord, allié turbulent, va devoir payer plus pour sans doute vendre moins de vins. Les bouteilles "non effervescentes" seront taxées à 25%, ainsi que les vins allemands et espagnols.
Quant aux vins italiens, on se demande bien où est la logique puisque le rouge sera taxé mais pas le blanc...
Toujours au rayon cave, le champagne, les mousseux, les pétillants, le Cognac et la plupart des spiritueux échappent eux à la mesure.

Avoir un bon copain...

Trump, qui claironnait il y a encore deux mois vouloir passer des accords "d’une importance jamais vue" avec l’allié britannique pour soutenir le Brexit n’oublie pas de frapper lourdement le whisky single malt qui, sans doute, fait de l’ombre aux Bourbons produits dans l’ancienne colonie. Voilà qui devrait inciter Boris Johnson à réfléchir sur la fiabilité d’un ami aussi sincère...

Chiffres à l’appui

Prenons la calculette : en 2018, le total des exportations européennes de biens vers les États-Unis a représenté 320 milliards d’euros (source : Eurostat). Le tir fiscal américain se concentre sur les secteurs de l’agroalimentaire, l’aéronautique (200 millions de taxe sur les Airbus de Toulouse), les alcools (250 millions pour les seuls Britanniques, à votre santé !), les huiles d’olive espagnoles et italiennes, les machines-outils allemandes (mais pas les grosses berlines), et même les pulls en bonne laine d’Écosse et les vêtements fabriqués au Royaume (encore) Uni.

Peu d’impact pour le 06

La Chambre de commerce et d’industrie de Nice Côte d’Azur n’est pas inquiète : l’économie de la Côte d’Azur sera peu affectée par les nouvelles taxes US. Mais nos voisins varois en revanche seront directement ciblés avec leur production de vin dont une grande partie s’exporte outre-Atlantique, notamment les rosés qui font fureur depuis quelques années dans les milieux urbains et branchés.

Mesures de rétorsion

Bien sûr, les Européens ne vont pas rester les deux pieds dans le même tonneau sans réagir. Ils prévoient en retour une salve de taxes sur des produits américains. C’est ce que l’on appelle un engrenage ou une spirale négative dont on sait très bien - l’histoire économique l’enseigne - que tout le monde sera perdant des deux côtés de l’océan. Mais ce n’est pas le "problème" de Trump, dont la préoccupation majeure est de reconduire son bail de locataire pour quatre ans supplémentaires à la Maison Blanche...

Photo de Une DR

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