Aménagement du littoral

Aménagement du littoral méditerranéen : enjeux et défis face aux risques climatiques

La Cour des comptes, dans un rapport thématique publié le 24 janvier, met en lumière les risques associés à l’aménagement du littoral méditerranéen, en particulier ceux liés à la mer et aux inondations. Ce territoire, qui abrite près de 3,3 millions d’habitants, est au cœur de tensions socio-environnementales croissantes, exacerbées par les effets du changement climatique.

Ce rapport public thématique est issu d’une enquête menée par les trois chambres régionales des comptes Corse, Provence-Alpes-Côte d’Azur et Occitanie, associées à la Cour des comptes.

Un territoire fragile et en mutation

Le littoral méditerranéen, développé autour de l’économie maritime et de son attractivité touristique, fait face à une urbanisation rapide et à une artificialisation des sols, notamment en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Cette évolution a conduit à une concentration des aménagements sur des zones vulnérables aux risques littoraux et aux inondations. L’élévation du niveau marin, les tempêtes plus fréquentes et les submersions augmentent la fragilité de cette zone géographique déjà exposée.

La méconnaissance des risques : Un enjeu crucial

L’un des principaux constats du rapport est le manque de connaissance approfondie de la vulnérabilité du littoral méditerranéen. Bien que des dispositifs d’alerte existent, ils restent souvent fragmentés et peu accessibles. L’évaluation des coûts économiques liés aux risques, qu’il s’agisse de dommages sur les infrastructures ou de pertes économiques, demeure encore insuffisante. Cette carence freine une planification efficace et durable de l’aménagement de ce littoral.

Des actions publiques insuffisantes

Malgré des progrès notables, notamment avec les plans de prévention des risques d’inondation, les politiques actuelles ne semblent pas à la hauteur des enjeux souligne le rapport. La résistance au transfert de compétences, notamment en matière d’urbanisme, à des entités intercommunales fragilise la mise en place d’une vision globale et coordonnée. De plus, certains aménagements continuent d’ignorer les risques identifiés, ce qui expose davantage les territoires.

Réinventer l’aménagement du littoral

Face à la montée des risques, le rapport appelle à une révision de la politique d’aménagement du littoral. Le financement des mesures d’adaptation, telles que la gestion du trait de côte et la relocalisation d’équipements publics, est un axe prioritaire. Pour ce faire, il suggère l’utilisation de la taxe sur la gestion des milieux aquatiques et une augmentation des ressources liées à l’occupation du littoral.
Afin de réduire l’impact des événements climatiques extrêmes, une logique préventive, basée sur le relogement plutôt que sur l’indemnisation, pourrait être envisagée. Des établissements fonciers pourraient également être créés pour gérer les mesures de recomposition spatiale, en combinant la solidarité nationale et locale.
L’enjeu est de taille, car à court terme, les indemnités liées aux inondations pourraient atteindre près de 485 millions d’euros par an dans les départements littoraux méditerranéens. À long terme, la valeur des biens exposés à la montée des eaux pourrait grimper à 11,5 milliards d’euros d’ici 2100, ce qui rend indispensable une action concertée et pérenne.

L’aménagement du littoral méditerranéen face aux risques marins et d’inondations nécessite une prise de conscience accrue, des actions publiques renforcées et des financements adaptés pour garantir un avenir résilient à ce territoire fragilisé par les défis climatiques.

Visuel de Une : illustrtion ©DR