Loyers commerciaux : quand un "abandon" fait gagner de l’argent...
- Par Jean-Michel Chevalier --
- le 17 décembre 2020
Peut-être l’expression "abandon de loyer" fait-elle peur aux propriétaires-bailleurs de parce qu’elle donne l’impression de tout perdre. Mais elle est trompeuse car, dans les faits, elle permet justement au propriétaire de "sauver les meubles" et à son locataire de peut-être sauver son entreprise...
C’est pourquoi il est grand dommage que ce dispositif prévu par l’état ne soit pas plus utilisé : à peine dans 10% des cas dans les Alpes-Maritimes, selon les Finances Publiques.
Pour les mois d’octobre, novembre et décembre, le gouvernement a donc mis en place un crédit d’impôts pour abandon de loyers (un mois, deux mois ou les trois mois). Prenons un exemple concret, avec un propriétaire pouvant prétendre à 10 000 euros d’encaissement.
- Premier cas : il ne fait pas de remise de loyer. Imposé à 30%, il paiera donc 3 000€ d’impôts et 1 720€ de charges sociales (CSG et RDS). Il lui restera donc 5 280 euros après les prélèvements.
- Second cas : ce même propriétaire accepte un abandon de loyer. Il touchera donc 5 000€ de crédit d’impôt, soit au final une perte de seulement 280 euros par rapport au cas précédant. Et si sa tranche d’imposition est plus élevée, son "bénéfice" sera plus important...
Bien sûr, si le propriétaire-bailleur est non-imposable, il touchera un chèque correspondant à ces 50%...
"En n’utilisant pas ce dispositif, les propriétaires n’ont pas une réaction objective car, tout bien compté, ils y gagneraient" commente Claude
Brechard, DG-FIP des Alpes-Maritimes. "Ils permettraient à leur locataire de mieux passer cette période difficile".
Et n’auraient donc pas, en cas de déconfiture, à rechercher un nouveau locataire alors que les conditions économiques nous promettent un début d’année difficile.
Si beaucoup de rideaux de fer viennent à tomber, cela ne contribuera pas à stabiliser le prix des loyers commerciaux...
Les bailleurs ont donc tout intérêt à faire leurs comptes et à se montrer un peu plus solidaires...