Sanofi et vaccin Covid-19

Sanofi et vaccin Covid-19 : une course mondiale pas dénuée d’arrière-pensées commerciales

La "boulette" de communication du DG de Sanofi met en relief la concurrence mondiale des laboratoires sur un marché a priori très lucratif...

Corne d’auroch

Georges Brassens, dans "corne d’auroch" : "Il refusa le recours de la thérapeutique, parce que c’était à un Allemand, qu’on devait le médicament".
Autre temps, autres mœurs : aujourd’hui, les Américains prétendraient être servis en premier si le laboratoire français Sanofi venait à découvrir un vaccin contre le Covid-19. Une affirmation erronée du patron du labo, qui a déclenché un émoi planétaire...

Investissement

Contrairement aux apparences, Donald Trump si fort pour répéter son slogan "America first" (l’Amérique d’abord) n’y est pour rien. Si les US entendent récupérer des doses d’un (toujours hypothétique mais très espéré) vaccin,
c’est parce que l’industrie US cofinance des recherches avec le laboratoire français, et qu’il est donc tout juste normal qu’il y ait un retour sur investissement.

Le lion

D’ailleurs les Américains n’ont jamais dit qu’ils voulaient rafler toute la mise, comme cela a pu être écrit dans un raccourci aussi saisissant qu’inexact. Ils estiment "seulement" avoir droit à la plus grosse part des pré-commandes pour les vaccins produits sur leur sol. Autrement dit, ils n’assécheront pas la source et auront la même magnanimité que le lion qui accepte de partager l’eau claire de la source avec d’autres espèces (pays) sans les dévorer.

Accès partagé

Fermeture des frontières,
précédent malheureux des masques arrivant par avion de Chine "confisqués"
par la Tchéquie au détriment de l’Italie... Alors que la pandémie continue à faire des milliers de morts et que l’on ne sait si elle prendra fin un jour, le sujet de l’accès partagé aux vaccins est hautement symbolique et sensible. Car, comme pour les masques, la demande d’un vaccin est mondiale et tout le monde ne pourra être servi en même temps.

Investissement

Pour la secrétaire d’état à l’économie Agnès Pannier-Runacher, un "accès privilégié" au vaccin "pour un prétexte pécunier" serait inacceptable. Moralement, évidemment oui, puisque la vie humaine n’a pas de prix et que la peau de l’un vaut celle de l’autre, quel que soit son passeport. Mais, dans le business, le retour sur investissement ne devrait pas surprendre puisque c’est une pratique non seulement admise mais aussi "normale".

Jackpot

On pourra philosopher pendant nos longues soirées d’hiver (et espérons pas soirées de reconfinement), mais il ne faut se cacher qu’il y a une course à l’échalote engagée à l’échelle mondiale : le laboratoire qui découvrira
le vaccin est assuré d’un jackpot. Cela peut sembler discutable, mais jusqu’à preuve du contraire...

Crédit d’impôt

Pour le laboratoire français, la communication hasardeuse de son directeur général a agacé la sphère politique et syndicale dans laquelle on fait remarquer que Sanofi bénéficie en France d’un crédit impôt recherche "d’un montant de 130 millions par an" et que le chiffre d’affaires du groupe "repose pour une grande majorité sur notre système de Sécurité sociale".

Bouchées doubles

Depuis la polémique, Sanofi s’est appliqué à redorer son image
en affirmant mettre les bouchées doubles pour la découverte d’un vaccin (en quelques mois, au lieu de dix ans, grâce à des investissements et des efforts colossaux de recherche) et en assurant que son prix le rendra accessible à tous. Reste à espérer que parole soit tenue et que très bientôt nous disposerons d’une barrière pour nous protéger du Covid-19...

Visuel de une Illustration Pasteur DR

deconnecte