
L’intégration des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans les règlementations assurantielles d’AXA : un leadership engagé
- Par Camille Piani --
- le 27 janvier 2025
Le secteur financier est en pleine transformation, et AXA se positionne en précurseur en matière d’investissement responsable. Depuis plus de deux décennies, le groupe intègre les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans ses stratégies d’investissement, et ce avec une ambition claire : favoriser un avenir durable tout en garantissant des rendements à long terme pour ses actionnaires.

Par Camille Piani,
Étudiante M2 Juriste d’Affaires Université-Nice-Côte-d’Azur
Membre de l’ANEJA
et de l’AFJE06
Cycle "Droit des assurances approfondi - L’influence des nouvelles réglementations RSE sur l’assurance"
Des standards élevés... en théorie ?
AXA, par l’intermédiaire de sa filiale AXA Investment Managers (AXA IM), se veut pionnière en matière de gouvernance éthique, en adoptant des politiques d’exclusion strictes : armes controversées, charbon thermique, hydrocarbures non conventionnels, ou encore entreprises ne respectant pas les normes fiscales ou les droits humains. Ce positionnement s’inscrit dans une volonté de répondre aux enjeux sociétaux et environnementaux contemporains, en adaptant les portefeuilles d’investissement sur des objectifs de durabilité.
Cependant, bien que cette stratégie montre des avancées importantes, elle fait tout de même face à une critique : AXA ne se concentre pas toujours sur l’exclusion complète des industries controversées. Par exemple, son exclusion du charbon thermique est partielle, et les hydrocarbures non conventionnels ne sont exclus qu’au-delà de certains seuils de revenus. Ce choix peut sembler modeste face à l’urgence climatique, où chaque pourcentage d’utilisation des énergies fossiles peut être décisif.
Un engagement actionnarial, mais des résultats mitigés
Le sondage mené par AXA IM révèle que seuls 35 % des assureurs intègrent actuellement les critères ESG dans leurs décisions d’investissement. Ce chiffre, bien que témoignant d’une prise de conscience, souligne également les réticences persistantes dans le secteur. En effet, la majorité des assureurs citent la règlementation comme principale motivation pour l’adoption des critères ESG (selon 53 % des répondants), bien avant l’engagement éthique ou la pression concurrentielle.
La critique ici repose sur l’idée que les assureurs, tout comme AXA, ne devraient pas se contenter de suivre les réglementations, mais anticiper et influencer les régulations futures. Une approche proactive pourrait faire de ces acteurs des leaders de la finance durable, plutôt que des suiveurs passifs des normes imposées par les régulateurs.
Les défis à venir pour AXA et les acteurs de l’assurance
Si AXA a su imposer une politique ESG cohérente et rigoureuse, certains obstacles persistent.
En particulier pour les petites et moyennes compagnies d’assurance. L’intégration des critères ESG, indispensable pour garantir des rendements durables et atténuer les risques extrêmes liés aux facteurs environnementaux et sociaux reste un processus complexe qui nécessite du temps et des ressources. AXA reconnaît que l’instauration d’une véritable culture d’investissement responsable représente une transformation profonde mais qui est payante sur le long terme.
Un autre frein à l’adoption généralisée des critères ESG réside dans la tension entre performance financière à court terme et durabilité. Certains gestionnaires d’actifs perçoivent ces critères comme des contraintes susceptibles de limiter les rendements.
En tant que leader, AXA se doit de prouver que performance financière et critères ESG ne sont pas incompatibles, en démontrant qu’une gestion responsable peut également être synonyme de rentabilité.
Un modèle à suivre, mais encore perfectible
AXA a incontestablement su montrer la voie en matière d’investissement responsable avec des actions ambitieuses et un discours qui témoigne de sa vision à long terme. Cependant, pour que ces engagements aient un véritable impact transformateur, AXA devra dépasser les exigences réglementaires actuelles et
adopter une approche plus ambitieuse dans l’exclusion des secteurs controversés.
Si AXA et d’autres assureurs parviennent à faire de l’investissement responsable un levier de croissance, ils seront non seulement des acteurs clés de la transition écologique, mais aussi des moteurs d’une finance plus durable et équitable.