À chacun pour son grade…

À chacun pour son grade…

Dur atterrissage : nous sommes un certain nombre, pour ne pas dire une majorité au moins relative, à être... atterrés par la situation politique du pays. Jamais, depuis la fin de la IVe République, la confusion et la discorde n’avaient autant régné. Si, par sa dissolution anticipée, et à l’évidence trop précipitée, le président Emmanuel Macron est le principal auteur de ces semaines extraordinaires que nous vivons, il n’est pas le seul dans ce psychodrame national à porter une part de responsabilité.

À tout seigneur tout honneur : Jean-Luc Mélenchon, considéré comme un nouveau Che Guevara par les uns et comme épouvantail à moineaux par les autres, aurait pu se dispenser de reprendre à son compte le slogan « Un flic mort, c’est un vote RN en moins ». Inconvenant, même au nom de son « droit à l’humour », en l’occurrence plus que douteux. Pas étonnant qu’il soit considéré comme un repoussoir, y compris à l’intérieur de son propre camp, et qu’à l’exception de son cercle rapproché, pas grand monde a envie de le voir s’installer à Matignon.

On se doute qu’il n’a pas vraiment eu le temps de regarder le Tour de France. Mais Jordan Bardella maîtrise si bien l’art du rétropédalage qu’il pourrait prétendre au maillot jaune de la discipline. Ses belles promesses de la campagne se sont envolées au fil des jours, comme la retraite à 60 ans. Sans doute, alors que le pouvoir était à portée, une prise de conscience de la réalité des possibles. Être en responsabilité est tellement plus difficile que pérorer sur les bancs de l’opposition… Renvoyé dans les cordes par les électeurs, on devrait donc encore beaucoup l’entendre au cours des prochains mois puisque Matignon lui passe sous le nez.

Le désistement n’a rien eu d’automatique pour les candidats arrivés en troisième place au soir du premier tour. Pourtant tous juraient, la main sur le cœur, leur attachement aux valeurs républicaines. Celles-ci n’ont pas résisté aux petits calculs, et dans ce jeu la droite a été moins « désistante » que la gauche, habituée depuis Jospin à avaler des couleuvres de bon calibre.

Objectif Elysée 2027. Le coup d’après est lancé pour des ténors de la droite qui croient en leurs chances : Laurent Wauquiez, Xavier Bertrand, Édouard Philippe, Gérald Darmanin, sans oublier Gabriel Attal et pourquoi pas David Lisnard. Leur problème, c’est qu’il n’y a qu’un seul fauteuil pour les quatre ou cinq généraux sans beaucoup de troupes. Les mois (et événements imprévisibles) à venir apporteront-ils une clarification chez les prétendants ? Le tournoi annoncé se déroulera-t-il à fleurets non mouchetés, avec au final une nouvelle déculottée comme les Républicains en ont le secret depuis François Fillon ?

Resté aux portes du pouvoir, le RN est plus que jamais en embuscade et va continuer à engranger sur les inévitables mécontentements. Pour diriger le pays après ces législatives, un grand centre est la solution la plus raisonnable pour beaucoup. Mais pour y arriver, il faudrait que les postures s’effacent devant l’intérêt général qui est quand même de sauver le pays des périls qui nous guettent. On verra à l’attitude des uns et des autres s’ils ont (enfin) compris le message envoyé par les Français le soir du 7 juillet…

Jean-Michel CHEVALIER