
"Alberto Giacometti. Sculpter le vide" au musée Cantini jusqu’au 28 septembre
- Par Gilles Carvoyeur --
- le 2 septembre 2025
Pour la première fois à Marseille, l’œuvre du sculpteur et peintre Alberto Giacometti est mise à l’honneur dans le cadre d’une exposition monographique organisée par le musée Cantini en collaboration avec la Fondation Giacometti.
Réunissant des œuvres emblématiques, sculptures en plâtre et en bronze, peintures, dessins et estampes, le parcours de l’exposition explore la question du vide, centrale dans la pratique de Giacometti, autour de laquelle s’articulent les différentes périodes de sa carrière.
Artiste du « Vide », dont le travail est « une façon d’éprouver l’espace » selon Jean-Paul Sartre, Giacometti conçoit des espaces imaginaires d’où émergent des formes, des figures et personnages souvent isolés et indissociables de leur environnement. Dans ses sculptures comme dans ses œuvres dessinées et peintes, le vide est un outil pour l’artiste.
Le parcours s’ouvre par une section dédiée aux formes synthétiques, pleines et denses des sculptures réalisées par Giacometti à la fin des années 1920, telles que Le Couple (1926) et Femme cuillère (1927), qui révèlent l’intérêt de l’artiste pour le cubisme et les arts extra-occidentaux. Dédiée à la période surréaliste, la section suivante présente des œuvres majeures dont la peinture Le Palais à 4 heures du matin (1932), les sculptures Fleur en danger (1932) et L’Objet invisible (1934-1935), aussi appelée Mains tenant le vide. Issues de rêves ou de visions fantasmatiques, ces créations participent d’une recherche plastique qui s’éloigne du visible.
La troisième séquence, couvrant l’après-guerre jusqu’à sa disparition en 1966, marque un retour à la représentation de la figure humaine, nourrie par une volonté de traduire au plus près sa vision du réel. Jouant sur les questions d’échelle et de distance, Giacometti explore les rapports d’une figure à son espace dans des œuvres telles que Toute petite figurine (1937-39), Femme au chariot (1943-45), Le Nez (1949), et Grande Femme I (1960). L’exposition s’achève par une présentation conjointe de dessins et estampes de Giacometti, accompagnés de documents d’archives, et de pièces antiques et extra-occidentales issues des collections du Musée d’Archéologie Méditerranéenne et du Musée d’Arts Africains, Océaniens, Amérindiens de Marseille. Pensée comme un musée imaginaire, cette section souligne l’importance majeure de ces sources pour les recherches de l’artiste autour du vide et de l’espace.
Ali Cherri - Les Veilleurs musée d’art contemporain de Marseille jusqu’au 4 janvier 2026
L’exposition d’Alberto Giacometti établit un dialogue avec l’exposition « Les Veilleurs » d’Ali Cherri, présentée au musée d’art contemporain de Marseille, du 6 juin au 4 janvier 2026. Certaines oeuvres exposées ont été spécialement conçues par Ali Cherri en résonance avec le travail du sculpteur et prolongent sa réflexion sur la représentation du visage humain.
En 2024, Ali Cherri avait été invité par la Fondation Giacometti à engager un dialogue avec les plâtres du sculpteur dans le cadre de l’exposition Envisagement, dont le commissariat fut confié à Romain Perrin.