
Après la démission éclair de Lecornu, Macron face à une impasse
- Par Valérie Noriega --
- le 6 octobre 2025
À peine trois semaines après sa nomination, le Premier ministre Sébastien Lecornu a présenté sa démission à Emmanuel Macron ce lundi matin, plongeant l’exécutif dans une nouvelle tourmente institutionnelle.
Le chef du gouvernement a remis sa démission tôt dans la matinée, avant qu’« elle ne soit acceptée sans délai par le président de la République ». Dans une brève déclaration depuis l’hôtel de Matignon, Sébastien Lecornu a expliqué que « les conditions politiques n’étaient plus réunies » pour exercer sa mission, évoquant des « blocages partisans » et « l’impossibilité de bâtir un compromis national ».
Une chute express, symptôme d’un pouvoir paralysé
Cette démission, annoncée moins de 15 heures après la publication officielle de la liste des ministres au Journal officiel, a pris de court la classe politique. D’après notre confrère Le Monde, plusieurs partis — du Parti socialiste au Rassemblement national — s’apprêtaient à déposer une motion de censure, estimant que le nouveau gouvernement « n’était qu’un prolongement affaibli du macronisme ».
Réactions en chaîne : colère, opportunisme et appels à la rupture
À gauche, la démission de Lecornu a immédiatement déclenché une vague de réactions. Jean-Luc Mélenchon a réclamé l’examen « immédiat » d’une motion de destitution présidentielle, affirmant que « le compte à rebours est lancé ». Mathilde Panot, présidente du groupe LFI, a renchéri : « Macron doit partir. » (Le Monde).
Le Parti socialiste, de son côté, a salué « une démission digne », tout en appelant à une recomposition autour d’un « projet de stabilité républicaine » : dans son post sur X le président du PS Olivier Faure a écrit : « Je me demandais si il restait un gaulliste dans ce pays. Il en restait un, et il vient de démissionner avec dignité et honneur. »
Mais c’est à droite que la secousse a été la plus brutale. Les Républicains, qui avaient accepté cinq portefeuilles dans le gouvernement Lecornu, se sont immédiatement divisés. Bruno Retailleau avait convoqué ce matin e la direction du parti pour « réévaluer l’accord » conclu avec l’Élysée. François-Xavier Bellamy a déclaré que « la droite n’a rien à redouter d’une dissolution », tandis que David Lisnard a appelé « Macron à tirer les conséquences de cet échec ».
Le Rassemblement national, par la voix de Jordan Bardella, a exigé la tenue d’élections anticipées : « La stabilité ne reviendra qu’en redonnant la parole aux Français. » Marine Le Pen a confirmé un peu plus tard : « Il n’y a pas de solution, il n’y en aura pas demain : j’appelle le président de la République à dissoudre l’Assemblée nationale. » Le député azuréen et président UDR Éric Ciotti s’est quant à lui prononcé en faveur d’une « élection présidentielle » pour « repartir sur des bases saines. » Pour Jean Leonetti, maire d’Antibes, qui réagissait dans un post sur X « On ne peut être que triste et inquiet pour la France. Chacun doit prendre en responsabilité conscience de la colère et de l’incompréhension des français devant cette impasse. Le Président doit rapidement s’adresser aux français. »
Un président seul face à ses choix
Emmanuel Macron, désormais privé de Premier ministre, se retrouve une fois de plus isolé.
La démission de Sébastien Lecornu ne fait qu’ajouter un chapitre à la longue série de crises qui minent le second quinquennat d’Emmanuel Macron : dissolutions avortées, motions de censure, alliances éphémères… Le pays semble suspendu entre deux logiques inconciliables : celle d’un président déterminé à gouverner malgré tout, et celle d’un Parlement fragmenté, décidé à le contraindre.
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— Gouvernement (@gouvernementFR) October 6, 2025