Cannes renforce l'interdi

Cannes renforce l’interdiction du protoxyde d’azote : la vente désormais prohibée à tous les particuliers pour freiner un usage détourné dangereux

Face à la recrudescence de l’usage détourné du protoxyde d’azote, la Ville de Cannes a décidé de durcir sa réglementation. Depuis le 25 juillet 2025, un arrêté municipal interdit la vente de bonbonnes de ce gaz à tous les particuliers, sans distinction d’âge. Seuls les professionnels de la santé et de la restauration peuvent encore s’en procurer, et uniquement entre 8h et 20h. Les petites cartouches de 8 grammes ou moins, destinées à un usage domestique, restent autorisées.

Impact sanitaire, environnemental et économique

Cette décision fait suite à une forte hausse de la consommation locale de ce produit, utilisé à l’origine dans les domaines médical et alimentaire, mais désormais détourné pour ses effets euphorisants.
Le centre de valorisation des déchets d’UNIVALOM a constaté une augmentation de 100 % du nombre de bouteilles collectées en 2025 par rapport à l’année précédente.
Rien qu’au mois de juillet, 2 800 cartouches abandonnées ont été ramassées par les services municipaux, et 192 verbalisations ont été dressées par la police municipale depuis le début de l’année.
«  La consommation croissante de protoxyde d’azote comme gaz hilarant pose de nombreux et graves problèmes : de santé publique, de mise en danger d’autrui, de pollution des rues, de mise en péril du système de traitement des déchets », alerte David Lisnard, maire de Cannes. Il dénonce l’impact environnemental et économique de ces usages : les bonbonnes explosent dans les fours d’incinération, entraînant leur arrêt une semaine par mois en moyenne depuis janvier, pour un coût de 1,7 million d’euros en 2024.

Sur le plan sanitaire, les effets de l’inhalation sont préoccupants. Le protoxyde d’azote peut provoquer maux de tête, brûlures, pertes de connaissance, et des atteintes neurologiques irréversibles. Il est même devenu la première cause de myélite et de neuropathie périphérique chez les jeunes adultes en Île-de-France. L’hôpital de Cannes Simone Veil a signalé plusieurs cas graves, certains encore en cours de traitement.

Des propositions pour endiguer le phénomène

Pour David Lisnard, une action nationale est indispensable : « Nous agissons ainsi de façon proactive à l’échelle communale, mais ce fléau doit être combattu à l’échelon national par un renforcement pénal et une mobilisation de la police nationale. Une modification de la fabrication des cartouches doit aussi être envisagée pour davantage de sécurité ». Il plaide également pour une reconnaissance de la consommation de protoxyde d’azote comme un délit lors des contrôles routiers, et pour une réglementation européenne contraignant les fabricants à intégrer des dispositifs de sécurité afin d’éviter les explosions à l’incinération.

Photo de Une (détail) : Bouteilles de protoxyde d’azote abandonnées sur l’espace public ©Mairie de Cannes