David Lisnard : « Une crise de l’exécution, pas de la représentation »
- Par Sébastien Guiné --
- le 26 janvier 2024
Pour le maire de Cannes, la démocratie française est « en danger » et cette situation est le fait d’une « crise de l’exécution, pas de la représentation ».
« Notre démocratie souffre de sa bureaucratie », a-t-il poursuivi lors de ses vœux à la presse, jeudi 25 janvier. David Lisnard, qui vient de terminer un ouvrage (à paraître fin mars, début avril) consacré à l’ancien Président Georges Pompidou, disparu il y a 50 ans, estime que « tous les problèmes de notre pays sont dus, à un moment ou à un autre, à une impuissance publique ». Une impuissance publique qui « crée du doute, de la défiance et de l’injustice ».
« On retrouve cela à l’hôpital. Le problème de l’hôpital est essentiellement un problème de la bureaucratie. Le problème de l’agriculture, dont on n’est pas sorti, également. Le problème de la police n’est pas un problème de moyens, c’est un problème de procédures, de bureaucratie. Cet ‘absurdistan’ est en train de pénaliser tous les pans de l’activité humaine au détriment des usagers de service public, a développé l’édile cannois. 25 % des urgences hospitalières ont eu des moments de fermeture l’été dernier (…), c’était impensable il y a 10 ans. C’est une atteinte aux principes de base qui font la grandeur du service public : l’universalité et la continuité de service. Nous avons de plus en plus de ruptures de service, des fonctionnaires moins bien payés que dans le reste de l’Europe et des contribuables plus ponctionnés qu’ailleurs. S’il suffisait de dépenser de l’argent pour être performant, la France serait le pays le plus performant du monde puisque nous avons le record de la dépense publique. Or nous décrochons. On est train de se déclasser de manière très rapide. (…) Je nous souhaite de retrouver le sens de l’exécution », a-t-il conclu à ce sujet.
40 démissions de maires par mois
David Lisnard, maire de Cannes depuis 2014 et récemment réélu président de l’Association des maires de France, a évoqué un autre motif d’inquiétude pour la démocratie, celui du nombre de maires qui jettent l’éponge, en nette hausse. « Ceux qui s’engagent dans la vie publique sont de plus en plus découragés. Le nombre de démissions de maires par mois a doublé sur la dernière décennie. On était à 30 démissions par mois et depuis la rentrée de septembre nous sommes passés à 40 par mois ». Il a souligné que la raison principale des démissions était le « différentiel croissant entre la capacité d’action et les attentes des habitants. Les maires ne sont pas des pleurnichards. On nous a mis dans un système très pervers qui nous met sous dépendance de l’État, par la suppression de fiscalités locales remplacées par des dotations. Nous sommes sous perfusion du malade, l’État, qui est surendetté. Maire, c’est le plus beau des mandats mais c’est de plus en plus difficile. À chaque fois qu’on nous annonce de la simplification on ajoute une couche de dérogations potentielles donc de réglementations supplémentaires à examiner ».
Pour David Lisnard, à la tête du parti Nouvelle Énergie, la crise de la démocratie est « d’autant plus grave qu’il y a la reconstitution autour de nous d’empires dictatoriaux qui, de façon reptilienne, sont dans des phases d’expansion », citant la Russie, l’Iran, la Turquie et la Chine. « Les autres ne sont forts que de nos faiblesses, a-t-il analysé. Donc il faut être forts. Et pour être forts, il faut retrouver le sens de l’effort, et parfois, le sens du sacrifice. »