Des remèdes aux maux

Des remèdes aux maux

Quelques mois après les émeutes urbaines, Élisabeth Borne et les ministres « régaliens » de l’Intérieur et de la Justice ont présenté les mesures qu’ils comptent faire adopter pour lutter contre les dérives violentes de la contestation.

Ils ont fait leurs annonces à la Sorbonne devant un auditoire attentif, et pour cause : le public était composé des maires dont les communes ont été ravagées par cette vague de colère et d’opportunisme. Un triste bilan, avec 2 500 bâtiments dégradés dont 168 écoles et 105 mairies, 12 500 véhicules incendiés. L’exécutif se devait de réagir, pour ne pas laisser s’installer davantage un ressenti de laxisme dans l’opinion. Même si 12 000 interpellations sont intervenues et que 2 000 condamnations furent à la suite prononcées par les tribunaux…
À défaut de pouvoir convaincre les oppositions de droite, d’autant plus favorables au coup de menton qu’elles ne sont pas en responsabilité, et la gauche extrême qui a tendance à voir une dérive dictatoriale à chaque coin de rue, le gouvernement a tenté une ligne médiane : une fermeté, au moins dans l’affichage, mais dosée. L’avenir dira si ces mesures présentées comme proportionnées sont effectivement bien adaptées à ce pays souvent réfractaire et inflammable (dans tous les sens du terme).
La Première ministre a promis 100 millions d’euros aux collectivités locales pour panser leurs plaies. À ces dernières de voir si la compensation sera bien à la hauteur pour effacer les traces des dévastations.

Permettre aux Polices Municipales d’accomplir, sous le contrôle du parquet, certains actes de police judiciaire pendant des « événements » pour soulager la Nationale qui ne peut être partout, semble tomber sous le sens. La cheffe du gouvernement a d’ores et déjà annoncé qu’il faudra sur ce sujet « bâtir un texte de loi » pour donner toutes les garanties. Les difficultés ne manqueront pas : il faudra trouver une majorité pour voter les dispositions et que le Conseil constitutionnel valide car il a déjà retoqué un tel projet en 2021…
Si la majoration des amendes pour non-respect du couvre-feu (Borne propose qu’elle soit portée à 750 euros) devrait inciter les parents à garder leurs mineurs la nuit à la maison, on reste quand même assez dubitatifs sur un «  encadrement militaire  » des jeunes délinquants « pour transmettre des valeurs de discipline et de dépassement de soi  ». Est-ce bien là le rôle de l’armée (surtout en cette période de périls internationaux...) ?
La création d’une « Force d’Action Républicaine » semble plus facile à concrétiser : il s’agirait de « mobiliser  » (toujours un terme militaire) ponctuellement des fonctionnaires (de l’Éducation nationale, de la Justice, des Affaires sociales, etc.) pour les envoyer dans les administrations locales où se seraient produits des « événements » afin de renforcer les équipes sur place.
Quant aux stages de « responsabilité parentale » et aux travaux d’intérêt général pour les familles qui n’assurent pas leurs responsabilités éducatives, l’idée ne sera pas évidente à concrétiser dans la vraie vie, avec les milliers de stagiaires potentiels...

J.-M. CHEVALIER

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