Doucement les basses (...)

Doucement les basses !

- Ainsi va la vie, qui sait se montrer cruelle parfois. Depuis plusieurs semaines, avec la contestation dans la rue contre la réforme des retraites, nous nous étions tellement habitués sur notre petit écran à la présence débonnaire de Philippe Martinez que l’on avait l’impression qu’il faisait en quelque sorte partie de la famille puisque nous partagions avec lui chaque dîner à l’heure du 20 heures. Las ! On verra moins souvent les moustaches à la Abraracourcix du secrétaire général de la CGT, son gros blouson de cuir noir et son foulard rouge sur nos étranges lucarnes. À l’issue d’un congrès – âpre - il a cédé la place à dame Sophie Binet, venue de la branche cadre du syndicat, et encore peu connue du public. Avec ce joli minois, le dialogue social y gagnera-t-il en souplesse ? Rien n’est moins sûr. Mais la CGT, qui a élu pour la première fois en 128 ans une femme à son poste suprême, prouve que tout peut finir par arriver...

- Plus d’un millier de gendarmes, policiers et CRS blessés entre les manifestations « retraite » et la bassine géante de Sainte-Soline : cela fait quand même beaucoup dans un pays qui se flatte d’être non seulement une grande démocratie mais aussi un phare éclairant le monde de ses valeurs républicaines et, en principe, exemplaires. On déplore aussi des blessures graves chez les protestataires (un éborgné, un doigt arraché, etc.) et même des gens dont le pronostic vital est engagé. Pour ne rien dire de ceux qui ont pris un petit coup de matraque « gratuit » en passant, sûrement parce que cela fait partie du folklore... Dans un louable souci de transparence, et pour montrer qu’elle n’avait rien à cacher, la gendarmerie a communiqué le détail des munitions utilisées dans les Deux-Sèvres : ce n’est pas encore l’Ukraine, mais c’est quand même impressionnant alors que l’on a d’un côté des forces « de l’ordre » et de l’autre des « écolos » dont la couleur varie du vert tendre baba cool au rouge vif en passant par le noir black blocs. Quand Gérald Darmanin dit que pas grand monde dans le climat actuel guigne son poste de la place Beauvau, on le croit, pour une fois, sur parole.

- Ayant quitté l’hôpital après quelques jours de « mise en examen » médical pour cause de bronchite infectieuse, le pape François, 86 ans, s’est exclamé sur le ton de la plaisanterie à l’heure de la sortie : « je suis encore vivant ». Nous nous réjouissons que son grand patron ne l’ait pas rappelé auprès de lui.

- Une fois de plus, Jean-Luc Mélenchon s’est fait remarquer par son verbe fleuri. Il a affirmé à l’endroit des policiers de la BRAV-M (sur moto pour réagir plus rapidement en cas d’incidents sur les manifs et dont l’attitude de certains éléments est critiquée) que « nous enverrons ces jeunes gens se faire soigner ». Sans doute faut-il comprendre que, s’il arrive un jour au pouvoir, il procédera à la dissolution de cette unité. En attendant, l’Insoumis en chef devra répondre d’« injure envers une personne dépositaire de l’autorité publique ».

- Sept heures de garde à vue pour l’enseignant azuréen qui a fabriqué le « paillassou » à l’effigie d’Emmanuel Macron, que les manifestants secouent dans tous les sens et envoient en l’air lors des défilés. C’est pourtant une tradition niçoise, et avant l’actuel hôte de l’Élysée, Nicolas Sarkozy a aussi eu droit à sa marionnette. Le sens de l’humour semble se perdre sous nos latitudes. Comme à Guignol, il faut se souvenir qu’à la fin de la pantalonnade, c’est souvent le « gendarme » qui est rossé...

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