« L'A57, un chantier (…)

« L’A57, un chantier exigeant mais profondément collectif » !

Après quatre ans et demi de travaux intenses, l’autoroute A57 à Toulon s’est métamorphosée avec son élargissement en 2 x 3 voies sur un axe de 7 km.

Un défi technique et logistique porté par VINCI Autoroutes avec un investissement de 300 millions d’€ et mené en partenariat avec le groupement NGE. Mais derrière les chiffres et les infrastructures, c’est avant tout une aventure humaine, faite de sacrifices, de solidarité et d’émotions fortes. Michel Castet, directeur d’opération, partage son expérience au cœur de ce projet hors norme. Il répond aux questions des Petites Affiches du var.

Comment cette expérience a-t-elle façonné votre vision du leadership et du travail en équipe ?

 Michel Castet : Un projet d’une telle ampleur ne peut réussir qu’avec une cohésion totale. Il faut être solidaire, laisser les hiérarchies de côté et travailler dans une dynamique de confiance. Une telle aventure nous pousse à aller au-delà de nos fonctions habituelles, à être plus attentifs aux autres et à comprendre leurs difficultés. Cela a renforcé ma conviction qu’un bon leadership repose sur l’écoute et la capacité à rassembler des personnes autour d’un même objectif.
Y a-t-il eu des moments de tension ou de doute ?
MC. Un chantier comme celui-ci implique des responsabilités énormes, des décisions à prendre vite, et parfois, des imprévus qui bouleversent tout. Il y a eu des nuits où l’on se demandait comment on allait gérer certaines situations, mais au final, c’est le collectif qui fait la différence. Quand on voit la mobilisation des équipes, leur engagement malgré la fatigue et les obstacles, on trouve toujours une solution.

L’impact sur la vie personnelle : un équilibre délicat

Ce chantier a-t-il modifié votre vie familiale ?

 Michel Castet : Oui, énormément. Avant, ma famille suivait mes déplacements, déménageant tous les quatre ans au gré des affectations. Pour ce projet, nous avons changé d’approche : je pars en semaine et rentre le week-end. Ce choix a profondément transformé notre quotidien. Mes enfants, qui avaient l’habitude de changer d’école et de repères, ont trouvé une stabilité. Ma femme aussi. De mon côté, cela m’a appris à profiter pleinement des moments passés chez moi. On ne réalise pas toujours à quel point ces instants sont précieux avant de devoir les organiser différemment. Il est indéniable que cet aspect à un retentissement positif sur la gestion d’un tel chantier.

Avez-vous ressenti des sacrifices ou des difficultés ?

 Michel Castet :Être absent toute la semaine implique un manque, des moments qu’on rate. Mais avec le temps, on apprend à ajuster. Le week-end devient sacré : c’est un vrai retour à la famille, sans distraction professionnelle. Et paradoxalement, je suis plus disponible pour eux aujourd’hui que lorsque nous déménagions régulièrement.

Les émotions fortes du chantier

Y a-t-il un souvenir qui vous a particulièrement marqué ?

 Michel Castet :Un des moments les plus marquants, c’est la démolition de l’ouvrage de Tombadou. Ce week-end, nous avons dû affronter des conditions météo catastrophiques. On avait prévu plusieurs interventions, mais seules les démolitions ont pu être maintenues. Ce qui m’a surpris, c’est que malgré la pluie battante, des riverains, des élus et des membres de comités de quartier sont venus voir les travaux. Il y avait une vraie connexion entre nous et les habitants, une compréhension mutuelle du projet. C’est dans ces moments-là que l’on se rend compte que derrière l’ingénierie et les infrastructures, il y a avant tout un impact humain.

Un projet qui marque une vie

Quel bilan personnel tirez-vous de cette aventure ?

 Michel Castet : Ce chantier n’a pas seulement été une expérience technique, c’était une immersion humaine, une découverte de la solidarité entre les équipes, des défis personnels, et aussi une rencontre avec une région que je ne connaissais pas. J’ai découvert Toulon et le Var, et j’ai été séduit par leur dynamisme et leur beauté. Ce projet laisse une empreinte forte, et si je devais repartir sur une mission similaire, je le ferais sans hésiter.

Propos recueillis par Pierre BEGLIOMINI

Photo de Une ©Philippe OLIVIER