L'été en pente douce-amèr

L’été en pente douce-amère

C’est quand l’effet de l’anesthésie se dissipe que le malade commence à ressentir la douleur… Ce qui est vrai en médecine se vérifie aussi en période estivale, lorsque la torpeur et des vacances bien méritées nous font lâcher prise. Pendant ces quelques semaines de répit, le bruit et la fureur du monde nous atteignent moins, comme un lointain écho de notre vie ordinaire, recouvert par le murmure des vagues, la musique d’ambiance des plages et des cigales. Notre vigilance s’émousse, mais ce calme apparent est trompeur car, dans l’ombre… le réveil n’en sera que plus brutal à la rentrée, avec la potion amère préparée par le docteur Bayrou. Il s’échine à éviter une nouvelle dégradation de la note de la France sur les marchés financiers et la quasi-faillite d’un État endetté au-delà du raisonnable, par des renoncements et des lâchetés politiques successives qui ont placé notre compte bancaire dans le rouge écarlate.

Après un été anesthésiant, il faudra tailler dans le vif. L’équipe gouvernementale, héritière d’un lourd passif qu’elle a d’ailleurs continué à creuser, se trouve sur le fil du rasoir.

Il semble déjà acquis que les retraités, ayant travaillé et cotisé toute leur vie, verront leur « contrat de confiance » avec l’État rompu par ce dernier, avec la désindexation de leurs pensions. Même si l’inflation ralentit, ce grignotage de leur pouvoir d’achat sera cumulatif au fil des années, et encore amplifié pour certains par la possible suppression du mal nommé abattement pour « frais professionnels », qui renchérira leur impôt sur le revenu. Il y a là un « sujet » que d’aucuns n’hésiteront pas à exploiter auprès des seniors lors des prochaines campagnes électorales…

Les assurés sociaux ne sont pas oubliés, puisque l’on « réfléchit » à augmenter de 100 % la franchise médicale sur les médicaments (de un à deux euros par boîte) et sur les consultations (de deux à quatre euros). On craint de connaître à l’avance la décision finale, dès avant la fin de la période de « réflexion »… Le gouvernement espère 500 millions d’économies sur les médicaments, 700 millions sur les dépenses de l’hôpital, 100 millions sur les indemnités journalières d’arrêt maladie et presque autant sur les hausses tarifaires de professionnels de santé. Ceux que la maladie frappe en longue durée (ALD), mais qui sont heureusement en rémission, pourraient aussi se voir exclus de la prise en charge totale de leurs traitements, dont le coût serait reporté sur les mutuelles, et donc sur les cotisations.

Le monde du travail sera aussi à la fête : suppression proposée de deux jours chômés pour un gain espéré de 4 milliards, des amendes jusqu’à 1 % du chiffre d’affaires pour les entreprises qui paient leurs fournisseurs avec retard, gel des dépenses publiques (et donc de la commande) au niveau de 2025.

On nous promet une « année blanche » sociale et fiscale, donc sans augmentation d’impôts (en principe), mais avec une chasse aux niches fiscales « inutiles ou inefficaces » qui fera cracher au bassinet un certain nombre de contribuables, un blocage de la CSG et des prestations sociales (APL, RSA, etc.). Ce ne sera pas sans conséquences sur le moral des ménages, sur la consommation et donc sur l’activité.

Les parlementaires sont devant de lourdes responsabilités pour le budget 2026. En espérant la prescription de quelques antalgiques pour les plus fragiles…