Edito - La stratégie (...)

Edito - La stratégie du pire

Même les esprits les plus optimistes ne peuvent que constater en ce début d’année une inquiétante escalade dans les conflits ouverts en Ukraine et au Proche-Orient.
Vladimir Poutine, qui sait que le sablier s’écoule plutôt en sa faveur, appuie pourtant sur la pédale d’accélérateur. Il fait pleuvoir dru les drones et les missiles sur les grandes villes ukrainiennes. Il n’y a là aucune justification
stratégique, aucun objectif militaire, sinon affoler les populations civiles, saper leur moral en détruisant des immeubles entiers, en forçant les habitants de Kiev à se réfugier dans le métro pour ne pas mourir de froid puisqu’au
mieux toutes les fenêtres sont pulvérisées dans un large périmètre urbain.
C’est une politique de la terreur, non déclarée, mais assumée avec cynisme, par le maître du Kremlin. Il compte sur l’essoufflement du soutien occidental à Volodymyr Zelensky pour arriver à ses fins, quel qu’en soit le prix de sang et de larmes, y compris dans son propre camp, puisqu’il envoie au sacrifice ses soldats par milliers. Le tribunal de l’Histoire n’est pas encore tout à fait saisi de ce sinistre dossier, encore à l’instruction, et sûrement pour longtemps encore. Mais où la colonne des charges de la responsabilité russe pèse lourd et il coulera beaucoup d’eau dans le Dniepr avant toute mise en accusation...


Au Proche-Orient, Israël n’a encore tenu aucun compte des « appels à la modération » de la communauté internationale mais accentue au contraire ses actions dans la bande de Gaza pour « éradiquer le Hamas ». L’État hébreu justifie ses bombardements par une chasse aux terroristes, supposément cachés dans les souterrains de Gaza et mélangés aux civils. Sauf que des ministres de Benyamin Netanyahou ont clairement indiqué le but recherché : un départ des Gazaouis vers l’Égypte ou tout autre pays acceptant ces réfugiés.
Le nord de la bande de Gaza, qui a d’abord vu déferler Tsahal, est aujourd’hui à peu près rasé, en tout cas totalement inhabitable. Le sud du territoire palestinien, présenté comme un refuge au début de l’intervention
armée, se trouve maintenant sous le rouleau compresseur de l’armée israélienne et il n’existe plus un seul mètre carré où les civils
pourraient survivre en « sécurité ».
Le risque d’une externalisation de la guerre est bien réel. Des obus tombent sur le territoire libanais, le numéro 2 du Hamas a été tué dans un bureau de son organisation situé dans un quartier de Beyrouth...

Jean-Michel CHEVALIER

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