Le retour des Tontons

Le retour des Tontons flingueurs

Les journalistes ayant blanchi sous le harnais vous le diront : chaque année, le ministère de l’Intérieur publie des chiffres de la délinquance qui vont « dans le bon sens », celui de la baisse de la délinquance bien sûr. Après plus de quarante années dans le métier, je m’attendais donc logiquement à voir celle-ci quasiment disparaître. Lorsqu’un un beau jour, constatant le nombre de pages consacrées aux chiens écrasés et aux grands-mères attaquées dans la rue, j’ai enfin réalisé, naïf que j’étais, que selon un bon mot repris par Coluche «  les statistiques, c’est comme le bikini, ça donne des idées, mais ça cache l’essentiel  ».
Pour preuve, ces derniers temps, sur Nice, se déroule une véritable guerre entre bandes pour le contrôle du trafic de drogue et des points de deal. J’exagère ? Hélas non. Dans le grand quotidien du sud-est qui reflète l’actualité locale, chaque jour ou presque des titres relatent des tirs sur des guetteurs, sur des dealeurs, sur des façades, avec une artillerie qui laisse songeur. Dernièrement, des mortiers sur un policier réserviste du commissariat de l’Ariane, peu avant des rafales de kalachnikov dans le quartier des Moulins. Pour que le tableau soit complet, des kilos de cocaïne et de cannabis ont été saisis aux Liserons ainsi qu’un trésor de guerre de 492 000 euros en espèces.
Gérald Darmanin a pu mesurer la profondeur du problème la semaine dernière. Le jour même de sa venue à Nice, pour montrer les muscles de l’État-de-droit-qui-ne-cédera-pas-un-pouce-de-terrain, un nouveau guet-apens a fait un blessé par arme blanche aux Moulins, à quelques pas seulement du commissariat que le premier flic de France venait visiter...
Mais la violence ne se limite pas à des dealers transformés en tontons flingueurs. Le petit malfrat a aussi vite fait de sortir son couteau pour régler un différend ou pour braquer une montre. À chaque fois ou presque une victime transportée à l’hôpital « en urgence absolue », selon l’expression consacrée. Ces faits, pas très divers et devenus courants, créent dans notre société un « climat » dont les politiques s’emparent pour promettre un tour de vis et répondre aux attentes de la population « ordinaire ». Les coups de menton et annonces suffisent-elles à calmer les esprits et à ramener de l’ordre ? La question sera centrale lors des prochaines campagnes électorales.


Claques dans le dos et ricanements sur les bancs de l’Assemblée après le vote de la motion de rejet. Parmi ceux qui se sont réjouis de ce camouflet à Darmanin se trouvent, en toute logique, des députés issus de la défunte Nupes et des élus de gauche, opposés traditionnellement au durcissement des lois sur l’immigration. Ce n’était pas le cas des élus du RN, qui avaient pourtant là une bonne occasion de mieux réguler l’arrivée d’étrangers sur le territoire. Quant aux députés LR ayant mêlé leur voix à la gauche et à l’extrême droite, il n’est pas certain que cette collusion soit appréciée de tous leurs électeurs, encore nombreux à se référer à l’idée gaulliste d’une France forte et généreuse. Qu’en dirait aujourd’hui le général ?

Jean-Michel CHEVALIER

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