Edito - Les petites (…)

Edito - Les petites choses de la vie

Pour souffler dans une actualité folle et anxiogène, cette chronique est garantie à 100 % sans allusion à Trump ou Poutine. Elle est aussi « durable » car elle se contente d’évoquer des aspects de notre vie quotidienne faite de petites joies et d’agacements...

 En 2012, François Hollande avait fixé le seuil de la richesse à 4 000 euros par capita. Aujourd’hui, le foyer fiscal disposant d’une pension mensuelle de 2 000 euros a appris qu’il devait se considérer comme « aisé ». La ministre du Travail, Astrid Ponosyan-Bouvet, a en effet suggéré une taxation supplémentaire pour ces « nantis » afin de rétablir les comptes de la sécurité sociale, qui sont à l’image de ceux du pays. À ce rythme, le canari de la concierge va bientôt être considéré comme un signe extérieur de richesse, et les bénéficiaires du minimum vieillesse (1 605 euros pour un couple) seront imposés sur les grandes fortunes…

 Le patron du Medef, Patrick Martin, veut également soulager le porte-monnaie des anciens : il estime lui aussi que l’abattement fiscal pour frais professionnels des anciens est « contre-nature » et même « aberrant ». Sans doute l’appellation « frais professionnels » est-elle impropre. Mais sa suppression ferait augmenter les impôts de nombreux retraités, dont la pension moyenne est de 1 200 euros nets par mois seulement, et en ferait entrer beaucoup d’autres dans l’imposition. Le patron des patrons oublie que les retraités d’aujourd’hui sont ceux qui ont travaillé dans les entreprises hier. Ils trouvent sa proposition « aberrante » sur le principe et se réjouissent qu’elle a été retoquée, pour cette année du moins.

  Même involontaire, la poésie administrative possède des charmes inépuisables. Ainsi, cette lettre de la DGFIP à un contribuable pour lui annoncer que « sauf erreur de notre part » sa taxe d’habitation « n’était pas encore connue au 31/12 dernier ». Si l’on comprend bien, et « sauf erreur de notre part », ce serait donc au destinataire de déterminer si l’administration lui a bien envoyé sa petite note. À la fin du courrier, les Impôts précisent que « si une imposition a été émise, vous devrez régler le montant indiqué », sans doute pour le cas où il voudrait payer davantage… Donc l’avis a peut-être été envoyé, ou peut-être pas. Pour trancher dans ce « p’tet ben qu’oui, p’tet ben qu’non », il ne reste plus qu’à créer un comité Théodule pour embrouiller encore plus ce qui est déjà kafkaïen.

 Personne ne sait combien nous sommes à avoir définitivement abandonné le téléphone fixe au profit du seul portable. Pas pour des raisons d’économie en évitant un doublon, mais pour ne plus subir le harcèlement de démarcheurs venant troubler de leurs appels nos journées. Las ! Ces enquiquineurs ont migré de plus en plus sur les 06 ou 07 pour sévir le plus souvent à l’heure du repas. Pour ma part, être dérangé entre la poire et le fromage ne m’incite pas (du tout !) à changer mes fenêtres ou à souscrire une assurance obsèques. L’Assemblée a voté à l’unanimité lundi la proposition de Delphine Batho (Écologistes) pour inverser la philosophie du démarchage téléphonique : ne pourront être appelés que les personnes ayant donné expressément leur accord. Ce n’est que logique, et l’on pourra terminer tranquillement son déjeuner. Pour traduire ce progrès dans la loi, la parole est maintenant donnée au Sénat.