Où est passée la 7e compagnie ?
- Par Jean-Michel Chevalier --
- le 30 juin 2023
On ne pourra pas dire que ce gouvernement choisit la facilité.
Après la réforme des retraites qui ne passe toujours pas dans une large partie de l’opinion, il annonce maintenant s’attaquer à la dette qui plombe les finances du pays, réduit son autonomie et... coûte de plus en plus cher avec la remontée des taux. évidemment nécessaire après 45 années de laisser-aller budgétaire. Et même courageux, car réduire la dette c’est limiter les dépenses, réduire le train de vie, distribuer moins d’argent.
Avant d’arriver à ses fins et de repasser sous la barre des 3 % de déficit d’ici trois ans, il est sûr que l’impopularité sera au rendez-vous car les mesures à prendre vont forcément bousculer des intérêts, des habitudes, un confort coupable auquel nous sommes habitués. Mais en livrant ses premières réflexions aux « Assises de la finance », par ailleurs boudées par les trois principales associations d’élus des collectivités locales qui flairent bien le danger à l’avance, Bruno Le Maire a pris le risque de désigner deux secteurs qui seront mis au pain sec des subsides publiques. Et son choix est étonnant : la santé, que personne n’estime en si bonne... santé qu’on pourrait la mettre au régime, et la fin envisagée des avantages fiscaux sur le gasoil pour les agriculteurs roulant au « rouge » à bon marché et pas au diesel surtaxé des voitures. Idem pour les transporteurs routiers, pourtant étranglés par la concurrence internationale et par les salaires à bas prix des chauffeurs des pays « de l’est ».
Que l’on sache, paysans et routiers sont deux corporations qui, lorsqu’elles sont en colère, sont capables de bloquer le pays. Les pouvoirs publics sortent rarement vainqueurs d’un bras de fer, on l’a vu avec les portiques de péage de Ségolène Royal qui ne sont plus que des décorations le long des axes routiers sans jamais avoir pu être mis en service...
Ce n’est pas une raison pour ne rien faire. Bercy devra apprendre à marcher sur des oeufs car il s’attaque à des secteurs ayant de fortes capacités de nuisance.
Heureux Allemands dont la dette ne représente que 58,9 % du PIB quand la nôtre dépasse 111 %. Et, à ce que l’on sait, malgré leur rigueur, ils ne vivent pas plus mal que nous...
Courage Bruno !
Le destin tragique du Titanic, sa charge émotionnelle, son histoire romantique encore magnifiée par le film de James Cameron, fait que les journalistes ont davantage écrit, que les radios et télés ont davantage parlé du petit sous-marin d’Oceangate perdu près de l’épave iconique que des 600 à 800 personnes ayant trouvé la mort près des côtes grecques, à bord d’un rafiot de pêche armé par des passeurs sans scrupules. Passagers malgré eux pour l’au-delà, ils n’ont pas atteint cette Europe que tant de fois nous critiquons à bon ou mauvais escient, mais qui pour eux était moins synonyme de terre d’Eden que de survie. Derrière le mot migrant se cachent des drames humains insupportables, et s’ils restent des anonymes, ils auraient droit à la même considération que de riches passagers qui, à coup de centaines de milliers de dollars, vont faire du tourisme sur une carcasse rouillée, sépulture marine des passagers du plus célèbre naufrage de l’histoire
La situation ne serait pas si sérieuse que l’on aurait (presque) envie d’ironiser sur les déboires de Poutine. Et sur Wagner, dont on préfèrerait une 7e symphonie plutôt que les errances de sa 7e compagnie...
Jean-Michel CHEVALIER