
Sophie LETHUIN – FARGE (VINCI Autoroutes) : « Sur l’A57, une communication de chantier à visage humain »
- Par Pierre BEGLIOMINI --
- le 11 septembre 2025
Pendant plus de huit ans, Sophie Lethuin-Farge, responsable communication chez VINCI Autoroutes, a porté la voix du chantier de l’élargissement de l’autoroute A57 à Toulon.
Derrière chaque panneau d’information, chaque entretien à la radio, chaque article de presse ou à l’occasion de rencontres avec les riverains, il y avait la volonté d’établir un lien sincère. La communication était plus qu’un outil… un engagement.
Elle répond aux questions des Petites Affiches du Var.
Avant de bâtir une stratégie de communication pour un chantier aussi long que celui de l’élargissement de l’A57 sur 3 voies et 7 kilomètres dans le milieu urbain toulonnais avec un trafic très dense, quelle a été votre approche initiale ?
– Sophie LETHUIN-FARGE : Nous avons commencé en 2017, bien en amont du démarrage effectif des travaux, avec une conviction forte : avant d’écrire un plan de communication, il fallait apprendre à connaître le territoire. On a donc rencontré les élus, les associations, les commerçants, les riverains… tous ceux qui font le tissu local. Ce n’est qu’après cette phase d’écoute que nous avons pu construire une stratégie adaptée, différenciée selon nos publics, et surtout crédible.
Cette stratégie a-t-elle été ajustée au fil du chantier ?
– Sophie LETHUIN-FARGE : Absolument. Ce n’était pas un plan figé sur quatre ans. Nous avons travaillé par cycles de six mois, pour pouvoir rester réactifs, notamment face aux aléas techniques du chantier. Une communication rigide aurait été contre-productive. Au contraire, il fallait s’adapter en permanence et maintenir un dialogue fluide.
Concrètement, quels outils et relais avez-vous mis en place pour maintenir ce lien ?
– Sophie LETHUIN-FARGE : Nous avons multiplié les supports : des flyers distribués dans les quartiers concernés, des pages dans le journal de chantier, des spots radios sur le 107,7 FM notamment, avec des décrochages locaux, et surtout, des agents de liaison positionnés sur tout le périmètre du chantier. Chaque semaine, nous tenions une réunion pour les informer des étapes à venir. Ils étaient sur le terrain pour répondre aux riverains, parfois sur des points très concrets, parfois plus sensibles. Il s’agissait d’être accessibles, pédagogues, et proches.
Avez-vous été amenée à gérer des situations imprévues ?
– Sophie LETHUIN-FARGE : Oui, notamment autour des intrusions nocturnes sur le chantier. Certains automobilistes déplaçaient les balisages pour gagner quelques minutes… avec tous les risques que cela comporte. On a donc mené des campagnes de prévention ciblées. Idem pour expliquer pourquoi la vitesse était limitée, ou comment les palmiers avaient été transplantés, et non détruits. Il fallait beaucoup de pédagogie, sur tous les fronts.
Et sur le plan humain, comment avez-vous vécu ce chantier personnellement ?
– Sophie LETHUIN-FARGE : Ce fut une aventure exceptionnelle. J’ai suivi ce projet du début jusqu’à son inauguration. Je l’ai vu naître, évoluer, se transformer. C’était un chantier vivant, fourmillant, et surtout, extrêmement humain. Les liens noués avec mes collègues, avec les équipes techniques, avec les riverains parfois… ce sont des choses qui vous marquent profondément.
Cette expérience vous a-t-elle changée ?
– Sophie LETHUIN-FARGE : Oui, profondément. Parce qu’il n’y avait pas de hiérarchie étouffante. Chacun avait sa place, sa mission, son espace pour parler. J’ai eu la chance de travailler avec un directeur très à l’écoute, Salvador Nunez, qui a toujours porté l’idée qu’un chantier de cette ampleur ne peut pas être mené sans une vraie attention aux gens. On ne construit pas uniquement des kilomètres de bitume. On tisse aussi des liens, on crée de la relation.
L’inauguration a été très forte sur le plan émotionnel, non ?
– Sophie LETHUIN-FARGE : Oh oui… Préparer une visite ministérielle, accueillir le président, le directeur général de VINCI, le président de Vinci Autoroutes, toutes les équipes, les invités extérieurs, penser au moindre détail, produire un film de chantier, c’était intense. Mais surtout, nous avons été bouleversés par les nombreux messages reçus : de riverains, d’élus, d’acteurs locaux… Certains ont même pris le temps d’envoyer des cartes manuscrites. Cela nous a profondément touchés. Nous ne nous attendions pas à cette reconnaissance.
Et sur le plan personnel, cela n’a pas été trop prenant ?
– Sophie LETHUIN-FARGE : J’ai travaillé sur ce chantier avec mon conjoint, ce qui était une première. Mais on a toujours su faire la part des choses. Au bureau, on était collègues avant tout. Et à la maison, on maintenait notre vie de famille comme à l’accoutumée. On parlait très peu du chantier. Et puis, tous ces moments partagés sur ce chantier et dans notre équipe ont créé des liens forts. Des amitiés se sont forgées. Ce n’est pas tous les jours qu’on vit une aventure de cette intensité.
Propos recueillis par Pierre BEGLIOMINI