Presse : Trois organisations craignent une multiplication des déserts de l’information
- Par Sébastien Guiné --
- le 19 décembre 2025
Dans une tribune diffusée vendredi 19 décembre, l’Alliance de la presse d’information générale, la Fédération nationale de la presse d’information spécialisée (FNPS) et le Syndicat des éditeurs de la presse magazine (SEPM) dénoncent l’éventualité d’une remise en cause par l’État et La Poste d’un protocole d’accord signé en 2022 et qui permet de plafonner les tarifs postaux jusqu’en 2027.
« Le service public de distribution postale de la presse, institué par la loi, est en effet un rouage essentiel de la chaîne de l’information, qui permet de servir les lecteurs situés dans les zones les plus isolées. Les conditions de cette mission sont aujourd’hui remises en cause : alors que la Poste et l’État s’étaient engagés à plafonner les augmentations tarifaires jusqu’en 2027, ils s’apprêtent aujourd’hui à revenir sur leur signature, en augmentant massivement le prix du transport postal. Une telle décision remettrait en cause, pour nos concitoyens situés dans les zones les moins denses du territoire, la disponibilité de leur journal ou de leur magazine à un coût raisonnable », affirment les organisations dans leur tribune, signée par Pierre Louette, président de l’Alliance, Jean-Christophe Raveau, président de la FNPS, et François Claverie, président du SEPM. Ils rappellent qu’une « partie importante de nos lecteurs reste attachée au journal papier, dont plus de 2 millions d’exemplaires continuent à être livrés tous les jours et qui fournit 80 % des revenus du secteur – permettant notamment de financer les investissements nécessaires dans le numérique ».
Questions de parlementaires
« À l’approche d’échéances électorales importantes (les municipales de mars 2026, NDLR), et alors que la désinformation en ligne devient massive, affaiblir la distribution d’une information fiable et pluraliste est un danger pour notre démocratie, que les pouvoirs publics ne peuvent ignorer », ajoutent-ils, tout en appelant l’État à « jouer son rôle » et à « respecter sa signature en garantissant les conditions de la distribution postale ».
Le député (RN) du Var, Philippe Lottiaux, s’était notamment emparé de ce sujet dans une question écrite à l’attention du ministre de l’Économie et des Finances, publiée le 9 décembre. Le député varois indiquait que « le 1er janvier 2026 doit intervenir une hausse des tarifs postaux de presse de 7 % » et il qualifiait cette annonce de « surprenante », « car le protocole entre l’État, La Poste et les syndicats de la presse prenant fin le 31 décembre 2026 ne prévoyait que des hausses maximales de 2 % ». « Cette augmentation aura manifestement des conséquences importantes sur la qualité de la distribution de la presse hebdomadaire, notamment agricole. Cette dernière joue un rôle irremplaçable dans la transmission des savoirs agricoles et ruraux et les distributeurs la font parvenir jusque dans les hameaux les plus isolés grâce à un maillage territorial dense et de qualité », ajoutait le député. La sénatrice du Calvados (groupe Socialiste, Écologiste, Républicain), Corinne Féret, a également adressé une question écrite au ministre sur le même sujet, le 18 décembre, relayant les inquiétudes du Syndicat national de la presse agricole et rurale (SNPAR).