Edito - Tenter de recolle

Edito - Tenter de recoller les morceaux...

Six morts. Des routes coupées, des blindés, des citoyens armés sur les barricades pour défendre leurs biens, des pillards, des Français qui tirent sur d’autres Français, pour tuer. Qu’on le veuille ou non, c’est bien une « guerre civile » qui se déroule sous nos yeux en Nouvelle Calédonie. Le « retour à l’ordre républicain », à la fois nécessaire et urgent, devient inquiétant lorsqu’on y ajoute sans plus de précaution le « quoi qu’il en coûte ». De quoi parle t-on ? De forces de l’ordre envoyées en renfort pour un temps indéterminé ? Ou que tous les ‘moyens’ seraient bons pour restaurer une légalité remise en cause par des Indépendantistes ? Tout cela est pour le moins inquiétant. Macron est sur place pour clarifier les choses et pour relancer l’île après le chaos.


Dans ce monde de fou(s) où la guerre et la violence ont submergé la raison et le dialogue, il faut vraiment scruter dans les rabicoins pour trouver quelque information apte à nous mettre un peu de baume au cœur. Car ce n’est pas du côté de la Nouvelle-Calédonie, de la bande de Gaza, de la Somalie, de la Corée du Nord et d’autres pays qu’il faut espérer une lueur, si petite soit-elle, pour retrouver un peu le moral. Ni en Méditerranée où des migrants continuent à se noyer dans une indifférence polie de l’opinion publique.


En y regardant bien, il y a - peut-être - un tout petit espoir du côté de la Russie. Oui, de la Russie de Vladimir Poutine, celle-la même qui foule aux pieds les traités internationaux, envahit son voisin, s’enferme dans une paranoïa dangereuse pour la paix. Son tsar, sous le coup d’un mandat d’arrêt de la cour pénale internationale pour les crimes de guerre commis en Ukraine, vient de se rendre en Chine où il a rencontré l’empereur Xi Jinping pour discuter des affaires du monde et de leurs intérêts réciproques.


Sans doute a t-il été question de vente du pétrole russe à la Chine, de composants électroniques chinois à Moscou, bref de la guerre en Ukraine, pour laquelle les deux partenaires jouent leur partition en sourdine en se soutenant mutuellement. Ce qui est nouveau, c’est que selon Pékin les deux grands pays s’accordent sur la nécessité d’une « solution politique ». Une déclaration de Xi faite en présence de Vladimir, qui n’a pas démenti. Mieux, le président russe a apprécié les initiatives de ses « amis » chinois pour « résoudre le problème » qu’il a lui-même créé en envoyant ses chars et ses soldats envahir le pays voisin.


Même si Pékin n’a jamais condamné Moscou pour cette invasion, même si les deux dirigeants ont à plusieurs reprises réaffirmé leur «  amitié sans limites » (ils auraient aussi pu ajouter qu’ils partagent la même haine de l’occident), l’ambiance a légèrement changé puisque le leader chinois en appelle «  au respect de l’intégrité territoriale de tous les pays ». Est-ce que cela concerne l’Ukraine aussi, ou n’est-elle considérée par Xi que comme une province de la grande Russie ?


Petite éclaircie dans un ciel bien sombre ? Des paroles diplomatiques appelées à s’envoler dans le vent mauvais de l’histoire et qui n’engagent que ceux qui y croient ? Des galéjades pour leurrer Kiev et ses amis qui n’espèrent rien tant que d’appuyer sur le bouton « stop » de cette guerre ? L’avenir le dira.
En attendant, faute de mieux, on se raccroche avec espoir (et sans doute naïveté) sur ce changement d’attitude affiché par les deux dirigeants qui ont beaucoup d’intérêts en commun mais aussi beaucoup de rivalités dans leurs zones d’influence respectives.

Jean-Michel CHEVALIER

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