Secrétaires de mairie (...)

Secrétaires de mairie : une indispensable revalorisation

Décryptage avec la sénatrice LR des Alpes-Maritimes Alexandra Borchio-Fontimp de la loi « visant à revaloriser le métier de secrétaire de mairie » promulguée le 30 décembre.

Pourquoi était-il urgent de légiférer sur la situation des secrétaires de mairie ?

- Il est fondamental de légiférer sur la situation des secrétaires de mairie car nous faisons face à un enjeu de taille pour ces chevilles ouvrières de la démocratie locale. Alors qu’un tiers des secrétaires aujourd’hui en poste partiront à la retraite d’ici 2030, il manque d’ores et déjà près de 2 000 secrétaires de mairie en France. En ce sens, il est essentiel de rendre attractif un métier aussi essentiel pour nos petites communes alors que plusieurs maires des Alpes-Maritimes me témoignent régulièrement du tandem qu’ils forment avec leur secrétaire de mairie.

En quoi consiste, aujourd’hui, le métier de secrétaire de mairie ?

- C’est un métier très diversifié et qui demande de la pluridisciplinarité. Dans les communes de moins de 2 000 habitants, les secrétaires de mairie participent à la rédaction du budget, à l’accueil du public, à l’organisation des élections ou des mariages, à la gestion funéraire, sans oublier la nécessaire connaissance des règles d’urbanisme ou encore la rédaction fréquente d’actes administratifs. Pour toutes ces raisons, il est aisé de comprendre que les secrétaires de mairie sont des maillons incontournables de la vie communale. En d’autres termes, elles sont des « couteaux suisses » appelés à devenir de véritables « perles rares ».

La loi apporte-t-elle de la reconnaissance à celles (94 % des secrétaires de mairie sont des femmes selon un rapport de Catherine Di Folco) et ceux qui exercent ce métier, tout en permettant d’attirer ?

- La loi promulguée le 30 décembre est pour l’essentiel le fruit du texte voté par l’Assemblée nationale. Si je me félicite de constater certaines avancées, je suis convaincue que le texte n’est pas à la hauteur des promesses faites au Sénat par le ministre Stanislas Guérini, mais plus gravement pas à la hauteur des espoirs des secrétaires de mairie. Je me réjouis de voir acter la dénomination « secrétaire général de mairie » qui est selon moi, au moins sur le plan symbolique, une belle reconnaissance de la diversité des fonctions présentes dans ce métier et permet d’acter une véritable existence juridique. Je reconnais également le bien-fondé de la disposition permettant aux secrétaires de mairie de catégorie C de bénéficier d’une promotion interne en catégorie B.

Quelles sont les limites de cette loi, que faudrait-il faire de plus ?

- Première lacune de ce texte et pas des moindres : il n’est pas prévu de revalorisation de la rémunération alors qu’il s’agissait pourtant de la première demande des agents. Le texte promulgué ne présente par ailleurs aucune mesure d’attractivité ni aucune perspective de carrière au-delà de la catégorie B. Plus grave, il ne prévoit aucun accompagnement financier des communes alors que le Sénat avait initialement proposé une dotation d’amorçage pour les communes les plus défavorisées financièrement afin de leur permettre de revaloriser leur secrétaire général de mairie.

L’article 6 prévoit un rapport sur la pertinence notamment de créer un diplôme au niveau national. Pouvez-vous nous parler de l’initiative locale à laquelle vous participez avec l’ADM06, le CDG06, le Département et l’Université Côte d’Azur ?

- La mise en place d’une réflexion sur les formations supérieures préparant au métier de secrétaire de mairie et sur la pertinence de créer un diplôme au niveau national est une très bonne chose même si le délai d’un an pose question quand on connaît les moyens dont peut bénéficier l’Etat. Nous n’avons plus le temps d’attendre face au défi colossal qui se présente à nous ! C’est pourquoi, j’ai souhaité en étroite collaboration avec l’Université Côte d’Azur, l’association des maires des Alpes-Maritimes, l’association des maires ruraux des Alpes-Maritimes, l’Agence06, le Centre de Gestion des Alpes-Maritimes et le Département, lancer dans les Alpes-Maritimes une certification reconnue nationalement. À ce titre, nous travaillons en collaboration avec tous les acteurs de terrain à la réalisation d’une formation diplômante permettant, d’une part, de permettre aux secrétaires de mairie déjà en poste de continuer de se former sur des aspects techniques et, d’autre part, de faire naître des vocations chez des étudiants titulaires d’un bac +2 ou chez des personnes en quête d’une reconversion professionnelle. Dans tous les cas, nous finaliserons les derniers détails au cours des prochaines semaines et nous annoncerons le contenu exact de cette certification qui sera reconnue sur l’ensemble du territoire français.

Photo de Une ©Sénat

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