Un bon sens à géométrie

Un bon sens à géométrie variable

Mais pourquoi Emmanuel Macron veut-il « labelliser » les sites d’information à la manière des produits de grande consommation, pour désigner ceux « qui méritent notre confiance » comme le clame la publicité, de ceux qui sont au contraire des autoroutes à désinformation ? Faisons plutôt confiance à l’intelligence du public (et apprenons-lui dès l’école à lire et à décrypter toutes les formes de médias pour distinguer les vessies des lanternes). Utopie ? Peut-être, mais on ne voit pas d’autre chemin possible dans une démocratie qui se respecte. En tout cas, pas en collant des post-it façon « nutriscore » sur les sites d’information. Le bon sens devrait suffire pour ne pas accorder la même confiance à un post sur un site où l’on scrolle et à un article ou une vidéo mis en ligne par un média reconnu.
Si le projet présidentiel part d’un bon sentiment, surtout à une époque de manipulation générale, y compris par des puissances étrangères, il prête aussi le flanc à une critique facile : LR et LFI se sont précipités à déclencher une tempête dans un verre d’eau en y voyant un projet de censure, d’information contrôlée, d’État totalitaire. La gauche s’en est aussi émue, comme à chaque fois où les libertés sont en jeu. Le RN est monté au créneau : la fausse-bonne idée de Macron va peiner à s’imposer.
Il suffit pourtant de lire les gazettes pour constater que leurs commentaires ne sont pas inspirés par une bienveillance particulière pour l’Élysée et pour la classe politique en général. Les critiques fusent, acerbes, même dans les grands médias pratiquant l’information selon les bonnes vieilles règles journalistiques de vérification et de mise en perspective. Nous ne sommes ni à Moscou, ni à Pyongyang. Le projet de Macron n’est pas liberticide à ce point, comme veulent le faire croire ceux qui ont plus de facilité à déclencher la polémique qu’à voter un budget.…


L’épidémie de grippe fut particulièrement sévère l’an passé. Elle a cloué au lit des centaines de milliers de personnes avec des symptômes sévères, et provoqué la mort de 17 600 malades (1). Chats échaudés, les Français ont redécouvert l’intérêt de la vaccination. La demande est telle dans les pharmacies que l’on n’est pas certain de passer l’hiver sans rupture de stocks. Voilà qui rappelle l’épisode du Covid, dont on n’a semble-t-il pas tiré tous les enseignements.


Donald Trump pratique une charité à géométrie variable. Après l’attentat contre deux gardes nationaux à Washington commis par un Afghan ayant combattu aux côtés des Américains, il s’apprête à rendre impossible l’entrée aux US des gens originaires de ce pays. Comme toujours, la nuance n’est pas son fort : pour lui Afghan = terroriste. Même les femmes qui sont maltraitées (pour le moins) à Kaboul, qui ne peuvent étudier, circuler librement, même les enfants qui auraient pourtant tout à gagner à s’échapper de l’emprise des talibans. Dans le même temps, il se prépare à gracier de façon «  totale et absolue » l’ancien président du Honduras Juan Orlando Hernandez, condamné à 45 ans de prison aux États-Unis pour trafic de drogue et qui fut selon le milliardaire républicain traité « de manière très dure et très injuste ».

(1) À titre de comparaison, 3 190 personnes ont perdu la vie sur les routes l’an passé, soit cinq fois moins que pendant l’épidémie de grippe.