Ciné : Le Tout Nouveau Testament

Notre critique ciné de la semaine : Le Tout Nouveau Testament, de Jaco Van Dormael
(Quinzaine des Réalisateurs Cannes 2015).

Oh my God !

Dieu existe. Il vit à Bruxelles et c’est un tyran domestique, sadique et ringard, tel est l’argument du nouveau film hilarant de Jaco Van Dormael, ce cinéaste belge qui avait précédemment réalisé les brillantissimes "Mr Nobody" et surtout "Toto le héros" Caméra d’or au Festival de Cannes en 1991.

Génialement incarné par Benoît Poelvoorde, éructant sa rage divine devant un ordinateur d’outre tombe, en claquettes et soquettes de coton blanc, le Dieu de Van Dormael est un monstre universellement odieux mais aussi envers sa femme (Yolande Moreau) et sa fille Ea ( Pili Groyne) qui, lassée d’être morigénée par son divin paternel, va se venger de sa beaufitude en envoyant par SMS à tous les humains, la date de leurs décès.

Cette forfaiture va bien évidemment bouleverser l’humanité et décrédibiliser un peu plus l’autorité de Dieu le Père.

Il va s’ensuivre une série de tableaux et scènes (voire cènes) parodiques dans lesquels la grosseur du trait rend la caricature aimable même si certains critiques se sont offusqués de la trivialité de certaines séquences (Catherine Deneuve prenant pour compagnon un gorille chez qui elle voit plus d’humanité que chez certains hommes)...

Van Dormael, brillamment caustique mais toujours profondément humaniste, n’attaque nullement dans ce film telle ou telle religion, mais plutôt les absurdités qui sont commises au nom de toutes par leurs thuriféraires.

"Le Tout Nouveau Testament" est donc un film qui, sous une bouffonnerie apparente et assumée, délivre un message bien plus subtil et actuel qu’il n’y paraît.

La dérision est bien souvent le meilleur catalyseur de la vérité et le cinéma belge en est son meilleur pratiquant.