Exposition "Marcel (...)

Exposition "Marcel Alocco-Itinéraire 1956-1976" à la Galerie Depardieu

En regard avec l’exposition École (S) de Nice du MAMAC, cette petite rétrospective des vingt premières années du travail de Marcel Alocco montre des tableaux peu exposées annonçant et éclairant son œuvre à venir.
Dès son entrée dans l’art, il s’est interrogé sur ce qui est au cœur du geste de tout plasticien, au début même de l’acte de peindre : le moment de bascule où une tache prend sens et devient image.

De la tache à l’image, une problématique et une trajectoire qui vont depuis plus de soixante ans contribuer à développer une œuvre d’une grande cohérence autant plastique que conceptuelle.

Ses premiers "Idéogrammaires", créés à partir de taches explorent de nouvelles formes associées à des gestes : tamponnages, agrandissements, allures, etc., dont il détecte les syntaxes : plus la forme gagne en extension, plus elle perd en précision, plus elle couvre de surface, moins elle signifie, etc.

Fragment du patchwork no 12, « Essuie pinceaux », morceaux libres, 207 x 150 cm, 1974 (AA)
Fragment du patchwork no 11 bis, morceaux libres, 227 x 201 cm, 1974(AA)

De nouvelles formes simples, lisibles, s’imposent, se multiplient : icônes culturelles comme les bisons de Lascaux, l’Eve de Cranach, des idéogrammes chinois, des chiffres arabes, des lettres romaines ainsi que des signes issus du code de la route, de la BD, etc., un melting pot culturel qu’il peint sur un drap de lit (symbole d’amour, de sommeil, de rêve ou de linceul).

Cette grande "page" blanche couverte de signes va être déchirée en mille morceaux (pas plus grands qu’une carte à jouer) qui seront recousus entre eux de manière aléatoire. C’est la naissance du Patchwork, la reconstitution-reconstruction d’une poésie spatiale et intemporelle à partir de centaines de signes. Un travail qui s’est poursuivi par la création d’un Patchwork toujours en cours de construction, donc infini, dont ne sont exposés (et vendus) que des fragments.

Fragment du patchwork no 70, morceaux libres, 161 x 228 cm, 1976 (AA)

L’exposition de la galerie Depardieu montre les prémisses, les germes déjà passionnants de son travail. Certaines œuvres historiques comme le Fragment du Patchwork n° 70 montré lors de l’exposition « A propos de Nice » pour l’inauguration de Beaubourg sont présentées.

Eve de Nice, litho sur papier Fabriano, 66 x 46, 1990 (AA)

Vient de sortir aussi (aux Editions de l’Ormaie) un excellent livre d’entretiens de Marcel Alocco avec Martine Monacelli sur le thème : Écrire et peindre.

En même temps que sa pratique artistique Alocco a toujours écrit, animé et dirigé des revues consacrées à la poésie et à l’art sous toutes ses formes (il était mieux connu comme écrivain avant de l’être comme peintre).
Dans ce livre, il évoque les aventures artistiques qu’il a connues, les artistes rencontrés. Ses réflexions et ses analyses lucides éclairent cette époque particulière où l’effervescence niçoise des années 50-80 a impacté l’histoire de l’art.

Écrire et peindre, Marcel Alocco

Écrire et peindre, Editions de l’Ormaie, 12€.

Alain Amiel

Photo de Une « La peinture déborde, outil », châssis pour empreinte bleu-jaune-rouge-noir, 1972 (AA)

Jusqu’au 30 septembre

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