Littérature : Jean Levigan

Littérature : Jean Levigan, le retour

Les Niçois ont leur série policière ! Le premier tome des aventures du commissaire Levigan avait emporté tous les suffrages en restituant une atmosphère de série noire authentique autour de l’ancienne et disparue jetée-promenade. Eh bien, voici tout frais sorti de presse le second opus, et qui dit suite dit série. Car les aventures du drôle de bonhomme n’ont pas l’air de vouloir s’arrêter en si bon chemin. Carine Marret nous invite à nouveau à une promenade d’atmosphère dans les lieux niçois les plus reculés et mystérieux, mais aussi une promenade dans le temps et dans l’Histoire de l’Art.

Art niçois par excellence, puisqu’au centre de cette nouvelle enquête se trouve le vol d’un tableau d’un des peintres de l’école symboliste du début du siècle : Gustav-Adolph Mossa, que vous ne connaissez peut-être pas par son patronyme mais que vous reconnaîtrez aisément en ses œuvres. Un tableau volé, donc, qui montre du sang coulé, et qui fera couler d’autre sang. Une prise d’otage, et une enquête qui s’avère aussi onirique que mystérieuse et nous mènera jusqu’à l’autre bord de la Méditerranée.

Carine Marret n’en est donc pas à son coup d’essai, puisque son personnage a d’emblée captivé les Niçois, jusqu’à leur premier magistrat qui s’est donné la peine de le présenter à la presse du haut de la colline du château. Une enquête qui prend des allures de recherche de symboles et documents perdus, pour révéler d’étonnants et terrifiants secrets.

Et toujours dans ce style qui fait immanquablement penser à Fred Vargas, dont Carine Marret n’est pas une imitatrice, certes, mais quand-même quelque part une émule. On peut trouver des inspirations moins plaisantes ! Le goût avéré de Marret pour les promenades littéraires (elle a conçu et écrit deux opus sur le thème des promenades littéraires sur la Côte d’Azur, dont un entièrement consacré à Romain Gary), a définitivement contaminé notre bougon commissaire aux deux petites rates, toujours aussi secret et aux intuitions toujours aussi fulgurantes. Et de nous laisser sur un suspense haletant, qui n’annonce pourtant pas forcément une conclusion prochaine.

Il y a du plaisir manifeste dans cette écriture qui ne verse pas dans le jeunisme argotique et ne se prend pas non plus pour de la ciselure littéraire. C’est à la fois franc et direct, modeste et chantant. Carine Marret développe un style qui lui forge une personnalité d’auteur… et à nous il reste le plaisir de pouvoir nous imaginer au milieu de l’intrigue…

L’agonie du jour, Une (nouvelle) enquête du commissaire Levigan, Carine Marret, 198 pages, Baie des Anges éditeur, 8,60 €

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