"Love" de Gaspar Noé

"Love" de Gaspar Noé

Love de Gaspar Noé a été présenté en Séance de Minuit Hors Compétition - Cannes 2015.

Threesome (1 garçon, 2 filles, 3 possibilités)

Voilà le film choc du Festival de cannes 2015 qui, projeté en séance de minuit (ou plutôt vers 1h du matin !) a créé une véritable émeute sur la Croisette.

Après sa projection, force était pourtant de constater que "Love" ne tenait pas toutes ses promesses.

Présenté par le réalisateur comme "un mélodrame sexuel sur un triangle amoureux" et par son producteur Vincent Maraval, comme "une histoire d’amour qui célèbre le sexe de façon joyeuse", "Love" met en scène un garçon et deux filles confrontés à leurs pulsions et à la jouissance.

Après le tollé qu’avaient provoqué "Irréversible" en 2002 avec Monica Bellucci et Vincent Cassel (histoire d’un viol filmé à l’envers) et après "Enter the void" en 2009, magnifique ode sensitive aux trips hallucinatoires, Gaspar Noé, talentueux cinéaste français d’origine argentine et vrai cinéphile obsédé par les sujets provocateurs, avait fait naitre avec ce film un désir impatient d’être satisfait.

Néanmoins, l’essai ne nous paraît pas convaincant et le résultat et plus proche du fiasco que du bon coup.

Histoire de triolisme filmé en 3D, "Love" qui est construit toujours selon le sempiternel concept antéchronologique cher au cinéaste, est l’histoire d’une déception amoureuse hétéro normée et vaguement misogyne qui emprunte au cinéma porno la vacuité d’un scénario convenu sans l’efficacité de sa construction traditionnelle au service exclusif du désir masculin (gros plans sexuels, lumière crue, surenchère par plans de coupe).

Personne n’y trouve son compte, ni les hommes, ni les femmes et le public émoustillé par les affiches explicites et le battage médiatique autour du film sortira déçu de la projection.

Seule la première scène introductive où Murphy (protagoniste masculin) et Elektra se livrent à une séance de masturbation mutuelle jusqu’à éjaculation, semble relever le pari louable du cinéaste qui, à l’origine, consistait, en intégrant de multiples scènes sexuelles explicites à une histoire d’amour quelconque, à faire un film qui dépasse le clivage de genre entre cinéma traditionnel et érotico-pornographique.

Si l’on déplore que Gaspar Noé répète avec "Love" les défauts de ses œuvres précédentes (une forme de narcissisme, de vanité, un esprit potache) il reste, malgré tout un excellent metteur en scène qui, avec cette tentative formelle courageuse (où il filme notamment des scènes sexuelles en plans séquences fixes et donc à l’opposé des méthodes du cinéma porno traditionnel) s’attache à réaliser, sur les traces de l’illustre cinéaste Bertolucci et de son "Dernier tango à Paris" des films expérimentaux et scandaleux mais brillamment intuitifs et sensoriels.

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