Nice : La plus belle (...)

Nice : La plus belle table jamais dressée (en live) dans une église depuis la Cène

Samedi 5 novembre prochain, cuisiniers et confréries se réuniront à l’église Saint-Pierre d’Arène à Nice pour célébrer Saint-Fortunat, leur saint patron.

L’événement se déroule à l’église Saint-Pierre d’Arène, à Nice, samedi 5 novembre, à 18 heures. Invités à célébrer leur saint patron Fortunat, les associations culinaires et confréries régionales se mobilisent : on n’aura jamais vu autant de cuisiniers et défenseurs des bons produits, en tenue ou bannières au vent, défiler dans une église, sous la bannière de leur saint protecteur.
La table sera dressée au pied de l’autel, durant l’offertoire, avec les spécialités apportées par les professionnels. Animations dès 17h30, cortège et célébration à 18 heures suivi d’un buffet partagé. Cette fois, c’est le public qui régale les chefs ! Alors n’oubliez pas vos plats !

Disciples d’Auguste Escoffier, Toques Blanches, Maitres Cuisiniers de France, MOF, Euro-Toques et autres amis du Vin et du Cochon de Cœur du Var... Les professionnels viennent témoigner par leur présence de l’importance des métiers de bouche, des savoir-faire culinaires et des valeurs de convivialité et de partage reconnues au patrimoine mondial de l’Unesco.

« La plus belle table jamais dressée (en live) dans une église depuis la Cène »

Animée par l’association « Pour le Panache », de la Bravade d’Annot, l’association d’Histoire Vivante et d’Archéologie Expérimentale, l’Harmonie de St Paul de Vence et la fanfare « L’écho de la Vaïre », la cérémonie est volontairement festive. 40 musiciens, ça va faire du bruit !

Après avoir donné l’aubade sur le parvis, ils ouvriront et conduiront le cortège des professionnels, en tenue, vers le cœur de l’église pour la célébration assurée par le père Gil Florini. Le temps de l’offertoire sera celui du montage en direct de « la plus belle table jamais dressée dans une église depuis la Cène » avec les produits et plats apportés par les pro.

Un partage convivial suivra autour du banquet dressé avec les mets apportés, une fois n’est pas coutume, par les fidèles en l’honneur des cuisiniers.

AMUSE-BOUCHES

Saint Fortunat vs saint Laurent :
Le chef Auguste Escoffier a tranché !

Saint-Laurent, martyr grillé vif, nommé patron des cuisiniers ? Pour Auguste Escoffier, le « roi des cuisiniers et cuisiniers des rois », cela relevait de la (mauvaise) farce..
« Dites moi, je vous le demande, par quelle aberration d’esprit, par quelle absence complète de sens moral, un moine facétieux et pervers fut-il amené à désigner précisément ce malheureux saint Laurent pour patronner la corporation culinaire, lui qui avait été si outrageusement et si lamentablement cuisiné ? (…)
Je ne suis point un iconoclaste ; et si je me permets de protester contre le culte millénaire que les cuisiniers rendent à leur prétendu patron, j’ai à cœur de leur faire connaître en même temps leurs patrons véritables, ceux qui sont qui sont vraiment dignes d’être honorés par eux, car, s’ils furent des saints, dans toute l’acceptation théologique du mot, ils furent aussi et avant tout des cuisiniers et, bien entendu, des gourmands. » Carnet d’Epicure -mars 1912

Le grand chef lui préféra donc saint Fortunat et composa quelques dîners en son nom.
Second Diner Saint Fortunat
(14ème dîner d’Epicure)

MENU

Crêpes au caviar frais
Huîtres pimentées
Croûte au Pot à l’ancienne
Turban de filet de Soie au gratin
Chapon fin à la Toulousaine
Cochon de lait Saint Fortunat
Pommes aigrelettes
Sauce groseille au Raifort
Bécassines Rosées
Salade Lorette
Pâté de Foie gras
Biscuit glacé Caprice
Mignardises

Qui est Venance Fortunat ? 

Troubadour du Ve siècle, originaire de la région de Ravenne, en Italie, il était toujours attablé aux meilleures tables. Guéri d’une maladie des yeux après des prières à saint Martin, il partit en pèlerinage au tombeau du saint évêque, à Tours, se convertit, croisa le chemin de sainte Radegonde, princesse thuringienne, et continua de rimer – mais pour la vie des saints ! – avant de devenir évêque de Poitiers. Auteur d’hymnes de grande beauté (Vesilla Regis, Pange Lingua), ses épîtres gourmandes lui ont valu l’attention d’Auguste Escoffier.

« Dans l’état d’ivresse, la Muse est hésitante ;
Car, le vin produit sur moi le même effet
Que sur tous les autres buveurs
Je croyais par moments voir ma table
Nager dans une mer de vin pur ;
Et, malgré cela, de mon mieux.
J’ai tracé ces quelques vers avec douceur
Pour vous, ma mère et pour vous, ma sœur :
Car, en dépit du sommeil qui m’appelle,
L’amour que j’ai pour vous a inspiré
Ce que la main pouvait à peine écrire … 
 »
(Epitre à Saint Radegonde et à Sainte Agnès, Livre XI, Epitre 24.)

Quel rapport avec le père Gil Florini ? 

Curé de la paroisse de Saint-Pierre d’Arène et doyen de Nice Centre, recteur du sanctuaire de la Madone d’Utelle, chanteur, distillateur de pastis, vendeur de produits artisanaux gourmands, le père est un esthète, pour ne pas dire un gourmand. Sa route a croisé celle de saint Fortunat à Villeneuve-Loubet, ville natale d’Auguste Escoffier. Il explique le sens de cette célébration festive :

deconnecte