Élection Bâtonnat Barreau

Élection Bâtonnat Barreau de Grasse : Le binôme Me Daon et Me Massad

Me Nathalie Daon et Me Rita Massad sont candidates, tout comme Maîtres Bensa-Troin et Nain-Doyennette. Il y aura donc un binôme à la tête du Barreau de Grasse en 2026-2027. Une première.

Pourquoi avez-vous choisi de vous présenter à deux ?

 Rita Massad (candidate aux fonctions de vice-bâtonnier) : Je pense qu’aujourd’hui le bâtonnat nécessite la présence d’un binôme parce que, de plus en plus, le bâtonnier a des fonctions extérieures et des fonctions de représentation, dans le sud-est mais également à Paris. Il a des obligations qui l’amènent à être loin alors que les avocats ont besoin d’une présence quotidienne à l’Ordre. Dans l’un de nos « Grasse and curious » (voir encadré par ailleurs), nous avons parlé d’un bâtonnat partagé, même si les textes imposent un bâtonnier et un vice-bâtonnier. Notre force, c’est notre complémentarité.

Nathalie Daon (candidate aux fonctions de bâtonnier) : Nous savons que nous fonctionnons bien ensemble. Rita et moi nous sommes amies de longue date et nous travaillons ensemble depuis 15 ans. Et au conseil de l’Ordre nous avons souvent partagé les mêmes commissions. Cela fait longtemps que l’on murit ce projet de double candidature mais il fallait que notre projet soit compatible avec nos vies personnelles, ce qui est le cas aujourd’hui. Notre volonté est d’être totalement complémentaires et de pouvoir passer de l’une à l’autre de façon complètement fluide pour qu’il n’y ait jamais de rupture de présence. Nous sommes nombreux (environ 600 avocats en exercice au barreau de Grasse et 120 honoraires) et l’administration d’un ordre est de plus en plus technique, avec de plus en plus d’obligations à respecter, comme par exemple la lutte contre le blanchiment. Et les jeunes confrères ont souvent besoin qu’on les écoute.

Quels sont les axes prioritaires de votre candidature ?

Me Nathalie Daon et Me Rita Massad ©DR

- Me Daon : Je dirais la cohésion, la modernité et la sécurité. Sur ce dernier point, il est très important de sécuriser nos échanges. Beaucoup de confrères ne prennent pas encore la mesure du danger auquel nous sommes exposés. Je pense qu’il faut les sensibiliser et notamment inviter chacun à avoir des boîtes mail mieux protégées. Certaines informations sensibles passent par nos boîtes mail qui doivent être absolument sécurisées. On pense négocier une assurance cybersécurité de groupe car ces assurances-là coûtent très cher si elles sont contractées individuellement. Par ailleurs, il faut travailler avec l’IA mais apprendre à la gérer pour ne pas se laisser « manger » par cet outil. On veut accompagner les jeunes dans leur formation, les soutenir, les accompagner. Nous voulons que notre Barreau devienne plus autonome en créant un institut de formation et en restructurant les contrôles de la CARPA pour les rendre plus fluides. Nous proposons aussi de prévoir pour les jeunes qui prêtent serment ou les confrères qui voudraient aborder une nouvelle matière de faire des formations dites de découverte et de leur donner, à l’issue de la formation, un « kit pratique », avec les principaux pièges à éviter.

- Me Massad : Nous devons absolument sécuriser la transmission des RIB et le maniement des fonds de l’avocat. Se pose également la question de la représentation de la profession d’avocat, qui est de plus en plus décriée à l’heure actuelle. Or sans avocat, il n’y a pas d’État de droit. L’avocat est nécessaire et il faudrait que l’avocature puisse être respectée.

- Me Daon  : A cet effet nous voudrions relancer nos vidéos de vulgarisation (Grâce au droit), initialement réalisées par des membres du conseil de l’Ordre, en permettant à tous les membres du barreau d’y participer, afin que ceux qui ont un sujet de prédilection puissent venir l’exposer, de façon à remettre l’avocat dans la Cité. Aujourd’hui, il y a une défiance vis-à-vis de l’avocat alors qu’il est là pour comprendre, conseiller, représenter et défendre.

Que prévoyez-vous pour la cohésion entre confrères ?

- Me Daon : Nous souhaiterions, si nous sommes élues, instituer, une fois par mois, des petits-déjeuners rencontres dans la salle commune de la Maison de l’avocat. Nous nous tiendrons là toute la matinée avec des viennoiseries et des cafés et nous pourrons discuter en direct, sans rendez-vous, avec tous ceux qui le souhaitent. Nous espérons que cela permettra de créer du lien, et notamment du lien intergénérationnel. Le Barreau de Grasse se rajeunit beaucoup et c’est une bonne chose, sur un plan déontologique, que les jeunes puissent discuter avec les plus anciens.

 Me Massad : Le Barreau organise chaque année, au mois de juin, la formation « Droit sur l’île », sur les îles de Lérins, qui est aussi un moment de convivialité. Nous aimerions créer son pendant à la fin de l’automne, qu’on nommerait « Winter is coming ». En ce qui concerne la formation continue, l’EDASE est un très bel organisme, mais quelques fois les avocats du Barreau de Grasse ont besoin de formations plus spécifiques par rapport à leurs domaines. Nous souhaiterions pouvoir être indépendants, gérer nos propres événements et assurer nos propres formations. Ces formations viendraient en complément de celles de l’EDASE et permettraient aux avocats du Barreau de dispenser des formations à des confrères plus jeunes. Et donc de créer du lien.

- Me Daon : On aimerait aussi créer une commission solidaire pour aider les confrères en difficultés mais pour toutes sortes de difficultés : de santé, de vie ou économiques. L’idée serait de créer un groupe d’entraide car, ensemble, on va plus loin.

Propos recueillis par Sébastien GUINÉ


La série « Grasse and Curious »
En plus de leur profession de loi, Nathalie Daon et Rita Massad ont envoyé par mail aux confrères de leur barreau des pastilles baptisées les « Grasse and curious », dans lesquelles elles présentent des points de leur programme (sur la formation ou l’accompagnement des jeunes confrères) et répondent à des questions qui leur ont été posées pendant la campagne, comme sur la répartition des rôles par exemple.

Photo de Une ©DR