Me Benjamin Ollié : (...)

Me Benjamin Ollié : "Il faut accepter de devoir rassurer"

Il est l’un des plus jeunes avocats à participer au procès de l’attentat de Nice. Maître Ollié, 28 ans, sait qu’il va beaucoup apprendre au cours de ces semaines mais il pense avant tout aux parties civiles.

"Il y a une très grande demande d’un point de vue humain. Les parties civiles vont avoir des questions. Il faut accepter de devoir informer, rassurer", explique l’avocat pénaliste niçois, qui a prêté serment en 2020.
Maître Ollié*, à son compte depuis cette année, représente trente et une parties civiles et il pourrait en représenter d’autres dans les semaines à venir. "On s’attend à ce que des gens se constituent tout au long du procès", relève-t-il, précisant que l’objectif des avocats "était de faire en sorte que le plus de parties civiles puissent se déclarer, afin de ne pas submerger la cour". Il suppose que la plupart des demandes seront recevables même si le président a bien dit lundi que la question de la recevabilité serait statuée ultérieurement, au cours d’une audience sur intérêts civils. En revanche, il émettait un doute sur les primo-intervenants (policiers, pompiers, médecins).

"Salle immense"

Benjamin Ollié ©S.G

Le parquet a estimé lundi que les constitutions de partie civile ne pourraient être recevables pour les primo-intervenants arrivés après la neutralisation du camion.
"Il n’est pas gravé dans le marbre que la cour suive cette logique", relève Benjamin Ollié. "La position du parquet est de dire que comme ils arrivent au moment où l’infraction est terminée, ils ne sont pas directement exposés au risque et qu’il n’y a donc pas de raison de les considérer comme parties civiles. Notre position sera vraisemblablement de dire que ces personnes ont été exposées aux conséquences directes de l’attentat, qui leur causent un préjudice".
Au sujet de la diffusion des images de vidéo-surveillance, il avance qu’en tant que pénaliste il est "plutôt favorable à leur visionnage". "Il faut que toutes les pièces soient étudiées. Mais je préviendrai mes clients et je leur dirai : voilà les traumatismes auxquels vous vous exposez. Il y a un travail de préparation à faire en amont".
Pour l’heure, un seul de ses clients souhaite être entendu à la barre à Paris.
Le jeune avocat a déjà pris ses marques. "Depuis lundi, j’ai eu l’occasion de prendre la parole à plusieurs reprises. Cette salle immense est assez impressionnante et le fonctionnement au micro est assez impressionnant mais on a un président qui conduit, à mon sens, très bien les débats et on a naturellement la tendance à bien s’intégrer".

"Impliqué personnellement"

Benjamin Ollié a pu prendre part à ce procès grâce au soutien de l’expérimenté avocat Jean-Louis Paganelli, dont il a été le collaborateur pendant deux ans. À la fois à Paris pour assister au procès et à Nice pour la gestion de ses autres dossiers.
Il prévoit d’être présent les trois premières semaines du procès puis d’alterner tous les 15 jours avec Maître Paganelli. "J’ai envie de voir comment fonctionnent les autres avocats", confie Benjamin Ollié, citant, entre autres, Éric Morain. "L’enjeu de ce procès va être la vérité. Est-ce que les personnes dans le box des accusés ont quelque chose à voir dans l’attentat terroriste ? Est-ce qu’il y a de la culpabilité ? Et est-ce que les victimes seront entendues ?", avance le jeune avocat, membre de l’UJA de Nice, représentant Jeune barreau au Conseil de l’Ordre et membre du collectif 14-7 Avocats. Il confie être impliqué personnellement dans cette procédure, à double titre. Il a d’abord commencé par représenter une amie qui se trouvait "dans une situation psychologique compliquée".
Et il a aussi, depuis longtemps, le sentiment de devoir agir. Quelques instants avant le carnage, il a croisé le camion conduit par Mohamed Lahouaiej-Bouhlel sur la Promenade des Anglais, alors qu’il rentrait en scooter d’une soirée chez des amis.

* Me Ollié s’exprimera sur le procès de l’attentat de Nice, dans les colonnes de notre journal, au cours des prochaines semaines.

Photo de Une : Me Ollie S.G

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