REF 2022 : L'heure est à

REF 2022 : L’heure est à la « croissance sobre »

Un an après avoir mis en avant un « capitalisme décarboné », Geoffroy Roux de Bézieux a appelé à « entrer dans une croissance sobre », « maintenant » et « collectivement », à l’occasion de la REF (Rencontre des entrepreneurs de France) organisée lundi 29 et mardi 30 août.

Pour son arrivée sur la scène installée à l’hippodrome de Longchamp à Paris, le président du MEDEF a cette année choisi la chanson « Un autre monde  » du groupe Téléphone. Il rêvait lui aussi «  d’un autre monde pour cette rentrée 2022. Mais avec l’inflation, avec les pénuries, avec la crise climatique et surtout (…) le retour de la guerre à nos portes, ce n’est pas vraiment le monde dont nous rêvions  ». «  Cela nous oblige, nous les entrepreneurs, à apporter des réponses et à trouver des solutions », a-t-il ajouté en ouverture de l’événement. « Nous devons maintenant collectivement entrer dans une nouvelle croissance, une croissance sobre. Nous ne devons pas renoncer à produire, à travailler, à consommer, mais il faudra le faire autrement. Les entreprises (…) feront leur part pour atteindre ces objectifs de sobriété énergétique, sur le chauffage des bureaux, des ateliers, des entrepôts, sur le déplacement des collaborateurs mais aussi, et surtout, sur l’efficacité de leurs process de production. Aujourd’hui il n’y a plus d’entrepreneur climatosceptique  », a affirmé le président du MEDEF.

Invitée de cette REF, la Première ministre Élisabeth Borne s’est exprimée juste après lui. Et la sobriété a également été le maître mot. Elle a asséné que « le dérèglement climatique n’est plus une vérité qui dérange » mais « une réalité qui détruit  ». Pour la transition écologique, « nous avons besoin d’une évolution radicale. Ne nous trompons pas sur le sens de ce mot : radical ne veut pas dire violent, subi ou décroissant ».

« Menaces de pénuries »

Elisabeth Borne ©S.G

Élisabeth Borne a appelé les entreprises à la sobriété énergétique et a laissé planer la menace de futurs rationnements. «  Face aux menaces de pénuries de cet hiver, nous n’avons qu’une seule voie : la baisse de la consommation d’énergie », a-t-elle déclaré. Elle a mentionné le plan de sobriété énergétique annoncé en juillet par le président de la République, assurant qu’il valait mieux « préférer les économies choisies plutôt que les coupures subies ». «  L’État doit être le premier à montrer l’exemple », a souligné la Première ministre, ajoutant que pour les entreprises, il fallait «  aller plus loin  » que ce qui a été fait jusqu’ici. Elle s’est montrée favorable à l’idée du MEDEF de désigner « un ambassadeur de la sobriété dans chaque entreprise » et a ajouté que les entreprises devraient proposer en septembre leur «  propre plan de sobriété ». « Si nous devions en arriver au rationnement, les entreprises seraient les premières touchées », a-t-elle dit sans détour. «  Et nous devons malheureusement nous y préparer  ». Elle a donné rendez-vous aux entreprises début octobre pour un premier bilan des plans de sobriété et alors que « nous aurons une vision plus claire du risque de rationnements ».

« La crise énergétique doit nous amener à faire preuve de plus de sobriété  », a confirmé mardi Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique ». « Nous devons consommer moins d’énergie chez nous, dans les transports, commerces, entreprises, bureaux. Cet engagement de réduction de la consommation d’énergie doit être pris par tous  », a-t-il indiqué sur Twitter après son intervention à la REF. Mais il a aussi écrit qu’il fallait « protéger l’industrie française et les secteurs les plus stratégiques de notre économie contre les pénuries d’électricité et de gaz  » pour ne « pas ajouter une crise économique à la crise énergétique ».

Volodymyr Zelensky compte sur les entreprises françaises

Volodymyr Zelensky ©S.G

L’intervention du président ukrainien, en direct depuis son bureau de Kiev, était très attendue et il a été longuement applaudi par les entrepreneurs présents à la REF, au début et à la fin. «  Il est important de reconstruire l’Ukraine après cette guerre. Je m’adresse à vous pour vous proposer des milliers de contrats, des milliers d’emplois. Nous avons besoin de votre participation à la reconstruction de l’Ukraine après les hostilités », a-t-il notamment déclaré, traduit directement en français.
«  Nous avons déjà commencé sur le territoire libre de notre pays cette reconstruction. Nous invitons donc les entreprises de bâtiment à participer à la reconstruction de nos infrastructures, nous invitons les entreprises à participer à la modernisation des services urbains (l’eau et le traitement des déchets), nous invitons les entreprises de construction automobile à localiser leur production de voitures électriques (…) », a poursuivi le président ukrainien. Volodymyr Zelensky a également affirmé que « l’objectif de la Russie est de détruire l’Ukraine  » et que « la Russie ne veut pas vivre sans guerre  ». Lors de sa prise de parole, Élisabeth Borne a assuré l’Ukraine « à nouveau  », « du total soutien de la France ».
Geoffroy Roux de Bézieux a estimé que « l’agression russe nous oblige à choisir un camp. Nous devons choisir le camp de la liberté, celui du peuple ukrainien  ».

Photo de Une ©S.G

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