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RET Cannes - David Lisnard : « On a un devoir d’agir mais il faut un pouvoir d’agir »

Les 18e Rencontres économiques et territoriales organisées par l’UPE06, avec la CCI Nice Côte d’Azur, avaient lieu cette année à Cannes où il a été question des limites à l’aménagement du territoire.

David Lisnard, maire de Cannes, également président de l’Agglomération Cannes Lérins et président de l’Association des maires de France (AMF), est connu pour ses avis tranchés mais argumentés. Ses interventions sur le Campus Georges Méliès, à côté de Jean-Pierre Savarino et Pierre Ippolito, n’ont pas fait exception à la règle.
Très à l’aise sur le sujet de la table ronde (« Quel développement économique pour notre territoire à l’horizon 2050 ? »), il a redit tout le mal qu’il pensait de certaines lois (lois SRU et Climat et Résilience, qualifiées de « lois soviétiques ») tout en mettant en avant ce dont la France a besoin selon lui : de plus de liberté, notamment pour les élus locaux, et d’une plus grande responsabilité. «  Dans la vie, on a un devoir d’agir mais il faut un pouvoir d’agir  », a-t-il constaté. « Tous les élus qui ont de l’expérience en témoignent, le pouvoir d’agir est restreint depuis au moins une vingtaine d’années. Il y a 22 ans, quand on lançait un projet avec Monsieur Brochand (son prédécesseur à la mairie de Cannes, NDLR) on se réunissait pour valider un projet qu’on estimait d’intérêt général et on regardait ce qui était interdit. Maintenant, quand on lance un projet, on cherche ce qui est autorisé. Et ça change tout. C’est-à-dire que nous sommes passés d’un régime de responsabilité et de liberté, qui est la base de l’efficacité, à un régime d’autorisation. C’est très vrai en entreprise et c’est encore plus vrai dans une mairie ». M. Lisnard a ensuite fustigé les Sraddet (Schémas régionaux d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires). «  Je ne veux pas de la tutelle de la région. On enlève de la démocratie et de la responsabilité locale  ». Il a également dénoncé une « recentralisation déconcentrée » de l’État. « L’État est devenu totalement parcellisé avec des services dont aucun n’a le pouvoir à lui seul de vous autoriser un projet mais dont chacun a le pouvoir de vous bloquer. Le pouvoir d’agir local, c’est le pouvoir des habitants de décider ce qu’ils veulent », a-t-il assuré.

« Erreur stratégique »

Le président de la CCI Nice Côte d’Azur est allé dans son sens en souhaitant une évolution du cadre législatif avec «  une vision territoriale » et non régionale ou nationale. « Les problématiques ne sont pas les mêmes selon les endroits où l’on se trouve. Il faudrait que les règles évoluent et s’assouplissent en prenant en compte les caractéristiques locales », a plaidé Jean-Pierre Savarino. Pierre Ippolito s’est lui prononcé pour « une vision territoriale à long terme, sur les opérations structurantes du territoire  ». Il estime, en accord avec David Lisnard, que les schémas d’aménagement ne sont pas au bon échelon. « Aujourd’hui, on manque de liberté. Les schémas directeurs nous enferment dans des carcans administratifs qui nous empêchent d’avoir de la spontanéité (…). Il est très clair que le bon échelon est un échelon communal », a-t-il énoncé, s’appuyant sur un rapport réalisé par l’Institut Montaigne et intitulé «  Territoire azuréen : ambitions 2040 », publié en novembre 2022. « Sur des sujets structurants, le bon échelon n’est pas régional mais départemental », a ajouté le président de l’UPE06. «  Je regrette de tout mon cœur, mais cela ne changera pas aujourd’hui, que la compétence économique revienne uniquement à la Région. Pour moi c’est une erreur stratégique de nos gouvernements qui ont décidé cela  ». Il a pointé du doigt, au niveau des instances patronales, les réunions organisées à Marseille pour lesquelles toute personne assez éloignée de la cité phocéenne a des difficultés à se rendre, ce qui biaise la représentativité des territoires. « La réalité c’est que 80 % des personnes qui participent à ces réunions sont des représentants des Bouches-du-Rhône ou des territoires à proximité. Je ne leur jette pas la pierre mais ils vont parler de leurs problématiques, qui ne sont pas celles des Alpes-Maritimes. Donc il faut qu’on coordonne nos actions au niveau du Département pour arriver à définir une vision  », a-t-il conclu.

Pierre Ippolito : « Il faut que le territoire soit attractif »

Pierre Ippolito ©S.G

« Notre département fait face à de nombreux défis : le coût de la vie, le vieillissement de la population, la fragmentation institutionnelle, l’absence d’intégration des réseaux de transport et un déficit sur un grand nombre d’équipements structurants. À tout cela s’ajoute la nécessité de réaliser notre transition écologique territoriale en décarbonant l’ensemble de nos activités  », a déclaré le président de l’UPE06 en ouverture de ces nouvelles Rencontres économiques et territoriales. « Ce qu’il faut retenir c’est qu’on a un territoire très spécifique avec une géographie qui nous contraint, une gestion des flux hyper contraignante, une saisonnalité touristique qui amène des complications supplémentaires  », a-t-il souligné par la suite pour finir de planter le décor. « La vraie difficulté des entreprises aujourd’hui, c’est l’attractivité. Il faut que le territoire soit attractif car s’il ne l’est pas nous n’arriverons pas à recruter des talents et sans talents, les entreprises n’ont aucune valeur. Pour attirer des talents, il faut des logements qui soient accessibles et il faut avoir une mobilité entre le logement et le lieu de travail qui soit cohérente. Or, quand on parle de transports, et vous voyez l’axe routier qui sature de plus en plus, nous n’avons aucun projet structurant sur la mobilité au niveau du département  ». Sur ce sujet de la mobilité, Jean-Pierre Savarino a expliqué que la Chambre de commerce et d’industrie menait des actions « très spécifiques » pour les entreprises. Il a évoqué les plans de mobilité employeurs et la collaboration avec les hôteliers de Cannes par exemple. « Nous menons une étude pour voir quels moyens de transport leurs employés utilisent », a précisé M. Savarino. Il a également cité une étude en cours à Mouans-Sartoux avec des entreprises de la zone de l’Argile. « Nous souhaitons identifier les moyens de locomotion, les accès et les possibilités d’amélioration, que ce soit avec du covoiturage, du vélo ou de la marche à pied », a-t-il indiqué. «  Ces études que nous réalisons permettent la réflexion et d’envisager ensuite avec les collectivités la mise en œuvre d’un certain nombre de mesures. La mobilité c’est du bon sens et de la coordination entre les différents acteurs économiques du territoire », a résumé le président de la CCI Nice Côte d’Azur.

Cannes, « une ville étudiante »

Scène de vie étudiante à Cannes ©S.G

Fier d’accueillir ces 18e Rencontres au sein du Campus Georges Méliès, inauguré en octobre 2021, le maire David Lisnard a clamé que Cannes avait réussi à devenir « une ville étudiante » et que ce n’était plus un « vieux rêve ». « Lorsque nous avons lancé cette démarche et affronté le Léviathan bureaucratique pour y parvenir, d’aucuns disaient que Cannes n’avait pas vocation à être une ville étudiante et aujourd’hui on a l’immense fierté et l’immense joie d’être non seulement une ville étudiante mais d’être dans une logique de développement de la vie estudiantine », a déclaré l’édile cannois. « Nous espérions 16 formations universitaires ici et 800 étudiants. Dès la première rentrée, nous avions 1 200 étudiants et 35 formations universitaires, avec la venue de grandes écoles. Ce bâtiment accueille l’université, des écoles et aussi des entreprises car c’est l’originalité de notre approche, que je trouve évidente : mélanger des entreprises et l’université  », a précisé M. Lisnard, qui connaît bien le monde de l’entreprise pour avoir été gérant de sociétés.

Les différents établissements d’enseignement supérieur à Cannes 

Campus Georges Méliès
École Institut libre école commerciale (ILEC)
Faculté des métiers – École hôtelière de Cannes
IUT de Cannes – Techniques de commercialisation (TC Cannes)
Lycée Bristol
Lycée professionnel Alfred Hutinel
Stanislas Cannes
Collège International de Cannes
École supérieure de commerce, de communication et de gestion (ESCCOM)
Institut de formation en soins infirmiers – IFSI
IUT Nice Côte d’Azur – Information et communication – Journalisme
Lycée Carnot
Lycée professionnel les Fauvettes
École Élysées Marbeuf Cannes
ESRA Côte d’Azur
Institut Sainte-Marie de Chavagnes
L’Académie de Management (ACAMAN)
Lycée des Métiers les Coteaux
Lycée technique Jules Ferry
Université Côte d’Azur - CREATES

Une vue du Campus Georges Mélies ©S.G

Photo de Une : De gauche à droite Jean-Pierre Savarino, Pierre Ippolito et David Lisnard. ©S.G

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