J.-P. FORTET : « LA (...)

J.-P. FORTET : « LA BANQUE ALIMENTAIRE NOURRIT 107 ASSOCIATIONS »

Le Rotary organise le prochain week-end dans les grandes surfaces une collecte au profit de la Banque Alimentaire. Portrait de cette association, grossiste des CCAS et des œuvres caritatives

- Qu’est-ce que la banque alimentaire ?
Nous avons coutume de dire que nous sommes « la seule banque sans argent » car nous n’achetons rien et parce que nous ne vendons rien...

- Alors comment fonctionnez-vous ?
Nous sommes une sorte de grossiste. Nous recevons, trions et stockons la nourriture que nous mettons ensuite à disposition d’associations. Nous ne faisons pas de distribution aux particuliers, ce sont les associations partenaires qui s’en chargent, car elles ont chacune dans leur vil- lage, dans leur ville ou dans leur quartier une connaissance fine du terrain et des besoins.

- Quelles associations par exemple ?
C’est très varié : les centres communaux d’action sociale, les délégations de la Croix Rouge, la Conférence Saint-Vincent de Paul... Bref des services et des oeuvres très divers qui peuvent être laïques ou confessionnels. Nous ne faisons aucune différence entre eux. Nous fournissons ainsi 107 associations dans le département.

- Dont les Restos du cœur ?
Non, car même si notre finalité est identique, ils ont leur propre système d’approvisionnement. Cela dit, au niveau national, la Banque Alimentaire et les Restos ont commencé à peu près au même moment, dans les années 80, après avoir fait le même constat des besoins. Dans les Alpes-Maritimes, la Banque a été créée en 1994 par les associations de terrain qui se sont regroupées pour être plus efficaces.

- D’où provient la nourriture ?
Des grandes surfaces, qui nous donnent leurs produits frais en limite de date de consommation : fruits, légumes, laitages, viande, plats cuisinés, etc. Cela représente 50% des volumes qui transitent dans notre local de la Glacière à Nice. Et du ministère de l’Agriculture, qui lance des appels d’offres et achète pour nous des produits alimentaires.

- Collecter, cela veut dire se déplacer...
Oui, nos quatre camions sont équipés en froid et partent tous les matins avec deux volontaires pour faire leur tournée dans les villes du littoral. Nous ne collectons pas dans les villages de l’arrière-pays, car ce ne serait pas « rentable ». Chaque tournée nous permet de récupérer environ 3,5 tonnes de nourriture, cinq jours par semaine et 52 semaines par an.

- Vous dites des produits « en limite de date de vente », qu’est-ce que cela veut dire ?
Ce sont des marchandises qui ne peuvent plus être vendues en magasin deux ou trois jours après notre collecte. Nous ne distribuons pas de nourriture dont la date est atteinte ou dépassée. Nous avons les mêmes règles d’hygiène que les mé- tiers de l’alimentation et de la restauration. Tout ce qui entre et sort dans notre entrepôt est tracé : nous savons d’où vient la moindre boîte de conserve et à qui elle a été donnée.

- Les grands magasins jouent-ils bien le jeu ?
Absolument. Ils n’étaient que seize il y a trois ans, essentiel- lement des hypermarchés. Ils sont maintenant quarante-six, dont des supermarchés et des supérettes. Les volumes collectés n’ont pas grossi en conséquence car plus on va dans les petites surfaces et moins la collecte est « grosse », c’est logique.

- Combien de personnes dans l’organisation ?
130 bénévoles à Nice, qui viennent travailler tous les jours de la semaine, de 7 heures à 13 heures. A 90%, ce sont des re- traités. Mais on voit aussi des demandeurs d’emploi qui préfèrent bosser ici pour être utiles plutôt que de rester chez eux à ne rien faire. Par exemple, nous avons eu une dame spécialiste de l’alimentaire. Elle a passé un an avec nous, on a profité de ses compétences. Elle a fini par trouver un CDD. On espère pour elle ne plus la revoir...

 ????Fil rouge : Réduire le gaspillage.
Objectif : Lutter contre l’exclusion.
6 salariés à Nice et 130 bénévoles.
1700 tonnes de nourriture.
3,4 millions de repas dans 37 communes des AM.
1€ donné = 23 repas
Le loyer de l’entrepôt est payé par la Ville de Nice et le conseil départemental.

Photo : JMC
Jean-Pierre Fortet, porte parole de la Banque Alimentaire-06, retraité, bénévole.

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