Avant l'UNOC : « Peut-êtr

Avant l’UNOC : « Peut-être que les choses peuvent bouger »

Alors que Nice s‘apprête à accueillir la Conférence des Nations Unies sur l’Océan (9-13 juin), nombreuses sont les associations, comme le CPIE des Îles de Lérins, à vouloir faire entendre la voix de la Méditerranée.

« Les océans n’en peuvent plus de la pression anthropique. » Le constat est posé sans détour par Frédéric Poydenot, directeur du Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement (CPIE) des Îles de Lérins et docteur en océanologie. À l’approche de l’UNOC, l’association cannoise créée en 1986 s’active pour porter un message clair : il est temps d’agir. Né sur l’île Sainte-Marguerite, dans le cadre de la rénovation du Fort et avec le développement de la capacité d’accueil du public, ce CPIE se veut être un pont entre la population et le milieu marin. Il déploie des actions variées : classes de mer (près de 400 chaque année), médiation scientifique, exploration des canyons sous-marins (autour de Cannes et de Nice. Très peu connus, ils sont pourtant beaucoup plus proches de la côte que le Mercantour), sensibilisation des plaisanciers via la campagne Écogeste Méditerranée. Sa méthode ? Faire parler ceux qui vivent la mer : «  Ce n’est pas nous qui faisons la leçon. On écoute les usagers raconter comment ils la respectent. »

L’UNOC, double opportunité

© Frédéric POYDENOT

L’enjeu est d’abord politique : « On n’est pas dupes. Comme pour les COP, on sait que tout n’avance pas vite. Mais si ces dirigeants, les grands de ce monde qui seront présents, sont un peu poussés par la société, alors peut-être que les choses peuvent bouger. » Frédéric Poydenot ajoute : « Alors forcément, on va être plein d’ambition et d’espoir pour que chacun, dans son champ de responsabilité, améliore la situation des mers et des océans qui sont quand même le premier réceptacle de tous les continents en matière de pollution, de dégradation, d’exploitation. D’autant que c’est une zone où la législation est complètement différente de celle qui s’applique sur la terre ferme. » L’enjeu est aussi médiatique : « C’est l’occasion de parler de la mer. Et plus on en parle, sous des formes diverses, via des manifestations, des conférences, des reportages, plus on peut toucher des publics différents et impliquer un plus grand nombre de personnes. »

Les alertes s’accumulent

Le CPIE sera présent à Nice pour l’UNOC avec un stand sur l’espace de la Baleine, aux côtés de la région, de la ville et de partenaires mobilisés sur des enjeux très concrets : la protection de la posidonie, cet herbier marin crucial en Méditerranée, menacé par l’ancrage des bateaux, la pollution et le changement climatique. Ou bien encore la lutte contre le crabe bleu, cette espèce invasive originaire d’Amérique qui menace les écosystèmes et s’attaque à de nombreuses espèces. Une manière d’incarner, à l’échelle locale, un événement global. Car selon l’association, chaque petit pas compte. Sur le littoral azuréen, les alertes s’accumulent : urbanisation, plaisance en forte hausse, recul de la biodiversité, montée des eaux. « On continue comme si tout allait bien. C’est une très mauvaise stratégie. » Face à ce constat, le CPIE garde pourtant une ligne simple et exigeante : « Montrer la mer, mais agir à terre. »

Photo de Une © Frédéric POYDENOT